Amnesty international a appelé, ce mercredi 27 mai 2020, les autorités tunisiennes à abandonner les poursuites contre Emna Chargui, la jeune internaute, accusée d’avoir partagée sur Facebook une sourate coranique détournée. Amnesty international estime qu’il s’agit-là d’un exemple illustrant la poursuite d’atteinte à la liberté d’expression en Tunisie.
Emna Chargui avait partagée le 4 mai dernier, avant d’être convoquée le lendemain par la justice un statut, une publication parodiant le Coran et parlant de la pandémie du coronavirus. Elle a voulu faire dans l’humour en publiant ‘Sourate Corona’, mais elle a vite été prise à parti par des internautes au point d’être victime de campagnes de diffamation et de menaces.
Elle est accusée d’atteinte au sacré et incitation à la violence, selon son avocate Inès Trabelsi, et elle doit comparaître ce jeudi 28 mai 2020, devant le tribunal de première instance de Tunis.
« La poursuite d’Emna Chargui est une illustration de la manière (…) dont les autorités continuent d’utiliser des lois répressives pour saper la liberté d’expression », a déclaré Emna Guellali, responsable locale d’Amnesty international.
Cette étudiante, poursuivie en état de liberté, risque « une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans simplement pour avoir partagé un message satirique sur Facebook », a déploré Emna Guellali. Selon Amnesty, « un tel procès envoie le message que toute personne osant exprimer une opinion controversée sur les réseaux sociaux risque d’être punie ».
La jeune fille a déjà été entendue par un enquêteur et a été déférée devant le ministère public. Une convocation qui avait d’ailleurs suscité de nombreuses réactions. L’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat, s’est indigné de constater qu’Emna Chargui ait pu être déférée devant le parquet pour atteinte au sacré et incitation à la violence alors qu’aucune poursuite n’a été engagée contre ceux qui ont proféré contre elle des menaces de mort.
Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) est allé plus loin en qualifiant la garde à vue de la jeune fille de « scandale d’Etat » ajoutant au passage que cette affaire est un signe dangereux du retour de la politique de la répression et que le gouvernement de Fakhfakh reste soumis au Conseil de la Choura d’Ennahdha ».