Les uns le préfèrent réchauffé à base de politiques estampillées troïka avec une forte dose de harissa nahdhaoui. Les autres l’aiment intégralement technocratique sans odeur ni saveur. Certains se pourlèchent les babines pour un gouvernement de politiques avec une pincée de technocrates. Enfin, quelques-uns, particulièrement fin gourmets mais connaissant la cherté et la rareté des ingrédients nécessaires, rêvent d’un gouvernement d’union nationale.
Après des années de disette démocratique, on est passé du gouvernement au «menu unique» à un gouvernement en apparence à la carte et offrant variété de choix. Toutefois, dans ce cas présent il semblerait «qu’abondance de plats» nuit et que notre classe politique, constituée en majorité de lamentables cuistots, va s’avérer incapable de mijoter des plats simples et parfaits dans leurs dosages… Comme «dab» le peuple va finir par se taper encore une fois une bonne ratatouille, celle-là même qui remplit invariablement son assiette quotidienne…
Conclusion, y a-t-il un cordon bleu dans le paysage politique ? Un Vaclav Havel tunisien ou mieux encore un Mandela tunisien… pour mettre tout le monde d’accord sur une recette efficace alliant consistance et saveur, capable de mener à bien cette phase transitoire et assouvir dans le même temps la faim des Tunisiens particulièrement avides de paix sociale, de réconciliation nationale, de dignité et de libertés ?
Sans tomber dans un pessimisme noir, tout porte à croire que les envies contradictoires des différentes composantes de la classe politique tunisienne et leurs limites dans l’art de la «gastronomie politiques» les empêcheront de nous concocter «une offre politique» garantissant l’impératif d’unité nationale sans nous priver pour autant de l’ingrédient «diversité des opinions» indispensable à toute bonne «cuisine démocratique».