La Tunisie paye actuellement sa libertĂ© de son sang. Ben Ali n’est plus prĂ©sident. Mais la nation est loin d’ĂŞtre libĂ©rĂ©e.
Le chaos actuel est soupçonnĂ© d’ĂŞtre orchestrĂ© par l’ancien pouvoir. Parmi eux, il y aurait des policiers. ArmĂ©s tels qu’ils le sont, la grande question est: d’oĂą proviennent leurs armes ? Nous savons bien que l’ancien rĂ©gime policier Ă©tait efficace par rapport Ă cela.
Pourquoi semer le chaos dans le pays ? Peut ĂŞtre pour attirer l’attention de la population sur la sĂ©curitĂ© et les Ă©loigner des questions politiques.
Un grand jeu politque se joue maintenant au parlement et au conseil constitutionnel.
La Tunisie a connu hier matin son troisième prĂ©sident en 24 heures. Passage de l’article 56 de la constitution Ă l’article 57, grands dĂ©bats politiques, les opposants qui rentrent… Vu ainsi, on se croirait dans un pays oĂą la constitution est strictement respectĂ©e.
Et c’est bien le cas. Or avec une pareille contitution, aucun parti d’oppostion ne pourra avoir de candidat pour les Ă©lĂ©ctions qui vont avoir lieu dans 60 jours au maximum.
Pour plus de détails, Rafaâ Ben Achour, professeur de droit à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis, répond à nos questions.
Webdo : Si nous continuons dans l’application de l’actuelle consitution, qui seraient les candidats pour les Ă©lĂ©ctions qui auront lieu d’ici 2 mois?
Pr Ben Achour : D’après la Constitution, art 40 « Le candidat est prĂ©sentĂ© par un nombre de membres de la Chambre des dĂ©putĂ©s et de prĂ©sidents de municipalitĂ©s, conformĂ©ment aux modalitĂ©s et conditions fixĂ©es par la loi électorale » . Le code Ă©lectoral a fixĂ© ce nombre Ă 30 au moins. Or, dans l’Ă©tat actuel de la composition de la Chambre et des Conseils municipaux, en principe, seul le candidat du RCD est capable de recueillir les signatures nĂ©cessaires, Ă moins que ces dĂ©putĂ©s et prĂ©sidents de CM (conseils municipaux) n’accordent leurs signatures Ă d’autres candidats d’autres partis politiques ou Ă des indĂ©pendants.
Webdo : Le prĂ©sident par intĂ©rim peut-il laisser le pouvoir, encore une fois au premier ministre après l’expiration du dĂ©lai de 60 jours et cela pour repousser les élections ?
Pr Ben Achour : Je ne pense pas que cela puisse être possible, sinon ce serait un détournement de procédure
Webdo : Dans l’impossibilitĂ© d’avoir des Ă©lĂ©ctions justes avec cette constitution et de la modifier, quelle serait la solution ?
Pr Ben Achour : La solution serait de rĂ©aliser un consensus national pour repousser les Ă©lections Ă plus tard pour donner la possibilitĂ© au gouvernement qui sera formĂ© de prĂ©parer toutes les conditions, de fait et de droit, pour le dĂ©roulement d’Ă©lections honnĂŞtes, plurielles, ouvertes et transparentes.
