Un froid glacial s’est soudain abattu sur les internautes, la nouvelle vient de tomber : les agresseurs du festival Al Aqsa à Bizerte viennent d’être relâchés ! (voir la vidéo en bas de page).
Que des salafistes soient relâchés, que les poursuites contre eux n’aboutissent à rien, cela, nous y sommes habitués, mais dans cette affaire de Bizerte où les photos de leurs actes de violence sont plus éloquentes que les mots, nous nous attendions à plus de « rigueur ».
Depuis qu’ils ont commencé à sévir, depuis l’affaire « Persépolis », puis celle du drapeau, en passant par les évènements tragiques de Sidi Bouzid et de Jendouba, jusqu’à l’affaire Abdelliyya, ou les menaces de mort et les appels au meurtre proférés dans les mosquées, sur les réseaux sociaux et même par des dirigeants du parti Ennahdha, jamais une peine conséquente n’a été prononcée contre eux. Ils ont toujours écopé de quelques mois de prison avec sursis, de petites amendes, ou ont été tout simplement relâchés !
Et c’est cette impunité qui les encourage à récidiver, les galvanisent et donne à leur violence toute sa légitimité. Les Tunisiens sont désormais convaincus d’une chose : les salafistes sont au dessus de la loi. Mais qui est derrière cette attitude ? Qui doit-on blâmer, si les blâmes peuvent encore servir à quelque chose ?
Premier responsable, le ministère de la Justice et à sa tête, Mr Bhiri qui ne rate aucune occasion pour nous parler de l’indépendance de la justice et de la justesse des réformes que son ministère entreprend. Ces juges qui prononcent des peines, le moins qu’on puisse dire ridicules, le font-ils vraiment en toute liberté de conscience ou subissent-ils des pressions?
Une justice à deux vitesses qui n’hésite pas à condamner de jeunes internautes à des peines lourdes pour des « crimes » de liberté d’expression et relâchent des agresseurs…
Responsable aussi, l’attitude des maîtres à penser d’Ennahdha, qui à chaque fois, justifient cette violence des salafistes, lui trouve des faux- fuyants et parlent d’eux en termes très complaisants. M. Sahbi Atig n’a-t-il pas déclaré après l’agression de Cheikh Mourou à Kairouan que la présence du Dr Youssef Seddik était la vraie cause de cette violence ?
Responsable aussi, le ministère de l’Intérieur, de par son laxisme et la façon dont les forces de l’ordre traitent le sujet. Le dernier exemple en date est encore celui de Bizerte puisque sur les 200 agresseurs, sabres à la main, qui ont attaqué le meeting de Samir Al Kuntar, la police n’a pu arrêter que cinq. Alors que ce n’est pas le cas quand il s’agit de syndicalistes, de manifestants anti gouvernement, d’activistes des droits de l’homme.
Mr Laarayedh, souvent qualifié d’homme d’État, ne cesse de rabâcher un discours auquel personne ne croit plus : « les Tunisiens sont tous égaux devant la loi, nul n’échappera à la justice, les poursuites sont en cours et nous faisons de notre mieux pour arrêter les coupables ».
De commissions d’enquête en atermoiements, les droits des plaignants se perdent souvent dans les dédales d’une insoutenable incompréhension.
Mais responsables aussi sont les médias, qui pour je ne sais quelles raisons, ont peur d’aborder le sujet objectivement. Les rares reportages sur la violence salafiste ne montrent pas d’images « choquantes » pour ne pas heurter la sensibilité d’une partie des spectateurs qui considère que,pour reprendre la formule chère aux sieurs Ghannouchi et Zitoun, sont les enfants de la Tunisie, et ne sont pas venus de la planète Mars. Sous prétexte de ne pas prendre parti, il prennent sans le vouloir celui de la violence en taisant le sujet, laissant ainsi aux médias étrangers le soin d’en faire un sujet de prédilection : il ne passe plus un jour sans que les colonnes des journaux internationaux n’en parlent, que des chaînes télévision n’évoquent le sujet. Une image qui n’encourage en rien les investisseurs ni ne rassure les compagnies de tourisme.
Aujourd’hui, les choses prennent une tournure très grave, des appels à se défendre, à se faire justice soi-même fusent ici et là, et entraîneront inévitablement le pays dans un cercle infernal de violence si rien n’est fait pour arrêter à temps l’hémorragie. Le jour où les Tunisiens se mettront à s’entre-tuer, tous les acteurs dans cette affaire passeront de responsables à coupables !