L’ile de Lampedusa a du faire face le weekend dernier à un afflux impressionnant de clandestins. Plus de 5000 personnes ont débarqué sur le territoire italien réclamant l’asile et dénonçant l’insécurité et le manque de travail comme étant les causes de leur départ de Tunisie.
Cette situation n’est pas au gout des italiens qui ont déclaré l’état d’urgence humanitaire et proposé d’envoyer à la Tunisie « leur savoir faire », proposition que le gouvernement tunisien a immédiatement rejetée en invoquant son refus face à toute ingérence étrangère.
Afin de calmer les tensions engendrées par ces événements, le gouvernement italien a décidé d’envoyer son ministre des affaires étrangères, Franco Frattini à Tunis. L’entretien entre ce dernier et le premier ministre Mohamed Ghannouchi a abouti, lundi soir, sur « une coopération opérationnelle dans le respect de la souveraineté de l’Etat tunisien » selon Frattini.
L’objectif étant d’empêcher l’émigration illégale depuis la Tunisie, Frattini a proposé « la mise à la disposition de l’armée tunisienne d’équipements de haute technologie, d’un réseau de radars pour le monitorage et de vedettes, équipements dont le fonctionnement sera assuré par les Tunisiens», selon la TAP.
Le ministre des affaires étrangères italien a en outre annoncé le déblocage d’une aide d’urgence de 5 millions d’euros pour la Tunisie et la mise « en place de nouvelles lignes de crédits d’une valeur de 100 millions d’euros pour financer des projets qui seront annoncés lors de la conférence internationale prévue en mars prochain à Carthage ».
L’Italie bien que la plus touchée pour l’instant par l’immigration clandestine tunisienne n’est pas la seule à avoir réagi puisque le secrétaire d’Etat belge à l’Immigration, Melchior Wathelet, également a proposé son aide a l’Italie dans un premier temps et a appelé l’Union Européenne à prendre des mesures face à « cette situation de crise ».
Quant à l’Union Europeenne, elle devrait « immédiatement débloquer 17 millions d’euros pour aider le gouvernement tunisien », annonce Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, suite à son arrivée lundi à Tunis.
En Tunisie, les forces de l’ordre ont renforcé leur contrôle des côtes tunisiennes. Les arrivées de migrants à Lampedusa ont donc cessé. Le chômage, raison principale de cette émigration, n’a pas été encore résolu et la crise touristique que vit la Tunisie depuis le début de la révolution n’a rien arrangé. Un doute subsiste tout de même : comment plusieurs milliers de personnes ont décidé ensemble en même temps de fuir la Tunisie ?
Certaines explications associent la présence de Leila Trabelsi sur le sol Libyen à ce phénomène de masse. Les immigrés clandestins auraient été manipulés sans compter les sommes considérables payées aux passeurs, un peu plus de 1000 dinars par personne. L’impression de désordre et l’instabilité conduisant investisseurs et touristes étrangers à éviter la Tunisie sont les motivations probables évoquées.