L’explosion de la masse monétaire en Tunisie, désormais un sujet central du débat économique, suscite des avis partagés parmi les experts.
Le 7 avril 2025, l’économiste Moez Hadidane a pris la parole sur Mosaique FM pour offrir son analyse sur l’évolution des liquidités en circulation, à un moment où la Banque centrale a révélé que la masse monétaire avait atteint un seuil historique de 24 milliards de dinars. Selon Hadidane, cette hausse est « normale » et n’est pas liée à la nouvelle loi sur les chèques. Il estime que d’autres instruments de paiement, tels que les virements ou les cartes bancaires, pourraient compenser la réduction du recours aux chèques.
Cependant, l’économiste n’a pas manqué de souligner les risques associés à cette augmentation, notamment l’inflation et la fuite des capitaux, déjà préoccupants dans un contexte économique tendu. Il a également pointé que la croissance de la masse monétaire, qui a atteint 10,5 % en cinq ans, dépasse celle du produit intérieur brut (PIB), limité à 9 %. Une situation qui, selon lui, pourrait compromettre la stabilité économique du pays.
Les préoccupations de Sofiane Ourimi sur la loi des chèques et les paiements électroniques
De son côté, Sofiane Ourimi, expert bancaire, exprime une opinion bien plus alarmiste. Lors de son intervention sur Express FM le 4 avril, Ourimi a directement imputé cette explosion de la masse monétaire à la loi restrictive sur les chèques et à la lente adoption des paiements électroniques. Il a déploré le fait que près de 75 % des transactions effectuées par carte bancaire se limitent à des retraits d’argent liquide. Cette situation, a-t-il souligné, contribue à l’évasion fiscale et alourdit les défis économiques, notamment pour l’épargne et le financement des projets bancaires.
Cette divergence de perspectives reflète une réalité économique complexe pour la Tunisie : moderniser le système de paiement semble désormais crucial pour renforcer l’efficacité du secteur bancaire, tout en évitant de renforcer le secteur informel et de déstabiliser davantage l’économie fragile. Si Hadidane semble relativiser les dangers de la situation actuelle, Ourimi la considère comme une menace directe à la stabilité financière et à la modernisation des pratiques économiques.