Le président provisoire de la République, Moncef Marzouki a décrété, aujourd’hui, le 6 février journée nationale pour la lutte contre la violence politique.
Dans le communiqué publié par la présidence de la République sur ce sujet, cette décision est prise en considération «des immenses dangers que constitue la violence politique sur l’avenir de la coexistence entre les composantes de la société tunisienne et la menace qu’elle porte sur l’expérience démocratique (tunisienne)».
«Charité bien ordonnée commence par soi-même», dit l’adage. Pour lutter contre la violence politique, Marzouki possède-t-il une légitimité. Son parti, le Congrès pour la République (CPR), ainsi que ses dérivés, tels que le mouvement Wafa, entretiennent des liens, souvent affichés avec fierté, avec les Ligues de protection de la Révolution (LPR), organisation contre laquelle plusieurs parties de la scène politique et de la société civile appellent à la dissolution à cause de leur violence. De plus, il fut l’honorable hôte, au palais de Carthage, le 12 janvier 2013, d’une délégation composée de quelques figures de ces LPR, à leur tête le fameux Recoba.
La lutte contre la violence politique a été aussi le sujet de M. le président dans une interview accordée à la chaîne Al Jazeera, le 25 mars 2013. «Si les laïcs arrivent à prendre le pouvoir, par n’importe quelle manière, tel qu’un coup d’Etat ou des manifestations, ils seront devant une grande révolution qui n’aura pas pitié d’eux, car il n’y aura plus des personnalités raisonnables tels que Rached Ghannouchi, Mustapha Ben Jaâfar ou Moncef Marzouki (…) Ce que je crains, c’est que (ces laïcs) seront confrontés, alors, à des pendaisons», avait-il, pacifiquement, prophétisé.
Seul fait d’armes contre la violence politique à mettre au crédit de M. le président : l’embastillement de Jabeur Majri. N’avait-il pas soutenu, depuis New-York, le 25 septembre 2013, que la non-libération de Mejri est justifié par la présence de salafistes dangereux dans le pays ce qui mettrait sa vie en danger ? En voilà un acte (ou non acte) grandiose de lutte contre la violence politique…
K.A.