C’est bien triste, l’extrême-gauche tunisienne, tel un poisson rouge incapable de vivre hors de son bocal, revient aux enceintes des facs, comme au temps de Bourguiba et de Ben Ali. Les heurts entre diverses obédiences gauchisantes (POCT et Syndicalistes radicaux) entamés dans les universités se sont prolongés jusque dans le «civil», avec l’attaque sanglante du siège du parti ouvrier.
On a l’impression de revenir aux années soixante-dix ou quatre-vingt, quand le campus ou le 9 avril étaient les uniques bastions du militantisme politique. Seulement, la gauche n’a, en principe, aucune raison de se renfermer à l’intérieur des forteresses estudiantines, par les temps qui courent. Le combat est, en principe ailleurs, et il n’y a quasiment plus de prétexte pour occuper des espaces tels que l’UGET et l’UGTT pour faire de la politique comme au temps de la répression.
Mais il y a, en définitive, un constat amer : ce n’est pas le contexte politique qui pousse la gauche à se recroqueviller, c’est un peu sa nature de pencher vers une «clandestinité» en s’inventant des «persécuteurs» alors que la voie n’a jamais été (et ne sera jamais) aussi libre qu’elle ne l’est actuellement.
Ceci dit, c’est dans les cours des facs que le torchon va encore plus brûler et que la violence reprendre du poil de la bête entre des «frères». Dire que jusqu’à quelques jours, c’est entre les «ennemis» idéologiques de toujours, l’UGET et l’UGTE que les frictions se faisaient plus aiguës.