Recherché par la police depuis des semaines, le rappeur Aladin Yaâcoubi alias Weld El 15 avait décidé de se rendre à la justice. Son procès s’est tenu ce matin, et le rappeur a été condamné à deux ans de prison ferme pour la chanson polémique qui s’en prend à la police « Boulicia Kleb » (« les policiers sont des chiens »).
Rappelons que, le 21 mars dernier, Weld El 15 avait déjà été condamné par contumace à 2 ans de prison ferme pour la même affaire. Il était en cavale depuis le mois de mars lorsque la décision de justice avait été rendue dans l’affaire de la chanson « Boulicia Kleb ».
En marge du verdict, la confusion a pris le dessus et la situation a dégénéré. Selon des témoignages, des échauffourées ont éclatés entre la police et des journalistes et autres personnes venues soutenir le rappeur. On annoncerait même des arrestations.
La bloggeuse Lina Ben Mhenni a témoigné sur son compte Twitter d’une certaine confusion qui a pris le dessus au tribunal et a fait état de l’agression des policiers qui auraient utilisé du gaz lacrymogène, selon elle.
Par ailleurs, le journaliste Emine Mtiraoui du site Nawaat, aurait été violemment agressé lors de sa couverture médiatique du procès et sa caméra détruite (voir vidéo en bas de page).
Des protestations ont éclaté après la condamnation et la police est intervenue brutalement pour évacuer des artistes et amis du rappeur, certains étaient pourchassés et tabassés à l’extérieur du tribunal, a rapporté l’AFP de son côté.
Rappelons que le clip-vidéo (voir en bas de page) mettant en scène la chanson « Boulicia Kleb » du rappeur Weld El 15 avait provoqué la fureur du ministère de l’Intérieur. Le Procureur de la République de Ben Arous avait été saisi et ce dernier avait décidé d’engager des poursuites à l’encontre des auteurs de cette vidéo.
Ce que reproche le ministère de l’Intérieur aux auteurs de ce clip et de la chanson qui l’accompagne ce sont les insultes, diffamations et menaces envers les forces de l’ordre et les magistrats, qui sont passibles de peines pénales. Reste que sur les réseaux sociaux, ces arrestations n’avaient pas plu. Elles avaient même provoqué de nombreuses réactions contre ces poursuites et ces arrestations.
Weld El 15, quant à lui, s’était indigné contre cette liberté d’expression qui n’existe pas, selon lui et avait même exprimé son refus de se rendre. En cavale, depuis, il avait décidé de se rendre à la Justice avec le verdict confirmé que l’on sait.
Après les deux ans avec sursis écopés par les assaillants de l’ambassade des États unis à Tunis et donc laissés en liberté ; après les quatre mois de prison ferme prononcés contre les trois Femen européennes ; après cette peine de deux ans de prison ferme contre Weld El 15, voici que la Justice s’illustre d’une manière qui ne manquera pas d’enflammer les réseaux sociaux…