Le Chef du gouvernement Hichem Mechichi a exclu que le président de la République, Kais Saied, rejette la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres, dans le cadre du récent remaniement ministériel.
Il a ajouté, ce lundi 1er février 2021, que les pouvoirs constitutionnels sont clairs, et que la tenue de cette cérémonie est une question de temps.
« Il est temps de faire le nécessaire et de permettre aux nouveaux ministres d’exercer leurs fonctions, et de se concentrer sur ce qui préoccupe les Tunisiens, comme la situation sanitaire et économique. On ne peut plus maintenir des ministères sensibles sans ministres, la situation du pays ne le permet pas », a-t-il déclaré au micro de Jawhara fm.
Et de souligner que la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence relèvent des professionnels et des organes officiels et judiciaires.
Mechichi vient donc ainsi mettre davantage pression dur le Chef de l’Etat qui devrait, dans les plus brefs délais, prendre une décision quant à la prestation de serment des nouveaux ministres, dont certains sont soupçonnés de corruption.
C’est dans ce contexte politique tendu, que le chef de l’ARP, Rached Ghannouchi a brisé le silence pour s’adresser, semble-t-il, au président de la République.
« Le rôle du président de la République est symbolique concernant la crise de prestation de serment », a-t-il estimé, lors d’une conférence virtuelle tenue samedi 30 janvier.
Pour Rached Ghannouchi, « Kais Saied s’abstient de convoquer les nouveaux ministres pour prêter serment ce qui prouve qu’il est contre le récent remaniement ». « Il pense qu’il a le droit d’accepter certains noms et de refuser d’autres, c’est la problématique du mélange entre les régimes parlementaire et présidentiel », a-t-il encore estimé.
Ghannouchi insiste que la Tunisie a un régime parlementaire et que le rôle du chef de l’Etat est un rôle symbolique, et que la question de la gouvernement appartient au parti au pouvoir et relève principalement de la responsabilité du gouvernement.
Quelques heures avant le vote de confiance aux nouveaux ministres, le chef de l’Etat Kais Saied, lors d’un conseil de la sécurité nationale, avait menacé de ne pas convoquer les ministres liés à des dossiers de justice, de corruption ou de soupçons de conflits d’intérêts pour prêter serment. En effet, pour lui « les ministres liés à des conflits d’intérêts ne peuvent pas prêter serment », s’opposant fortement à ce remaniement, finalement approuvé par l’ARP.
En dépit de ces « menaces présidentielles », le chef du gouvernement Hichem Mechichi a décidé de ne pas opérer aucun changement sur son remaniement et de forcer la main du chef de l’Etat en optant pour un passage en force, jouissant d’une majorité parlementaire assurée par son coussin politique, dont notamment Ennahdha et Qalb Tounès.
Une crise qui ne cesse de s’amplifier entre les trois présidences. Kais Saied tiendra-t-il à sa position de refus catégorique d’assister à la prestation de serment de personnes soupçonnées de corruption malgré la formalité de la cérémonie ? En effet, aucun article de la Constitution tunisienne n’impose une telles cérémonie pour les nouveaux ministres.