À l’heure convenue, vers 9 heures du soir, les manifestants se sont rassemblés au niveau de la place du 14 janvier puis se sont scindés en deux groupes. Le premier, composé d’environ deux milliers de personnes, dont quelques figures de la société civile et des personnalités politiques, s’est dirigé vers Mohamed V, se conformant ainsi à la décision du ministère de l’Intérieur qui n’a autorisé la manifestation que sur cette artère. La voie était ouverte à la circulation automobile et aucune mesure exceptionnelle n’a été perçue à part la présence d’u n dispositif de sécurité qui se tenait à l’écart.
Le second groupe (voir les vidéos en bas de page), d’environ un millier de personnes, pour la plupart des jeunes, a marché sur l’Avenue Habib Bourguiba en direction du théâtre municipal. Parmi les participants à cette marche, on a remarqué la présence de Manouar Meriem, présidente du Parti Tunisien qui a été, dernièrement, victime de violences dans un poste de police où elle s’est dirigée en compagnie d’une connaissance pour affaire la concernant.
Ce groupe ‘rebelle’ est parvenu à franchir les barrières de police pour avancer vers l’autre côté de l’avenue scandant des slogans appelant au respect des droits de la femme et à la préservation de ses acquis, à côté d’autres slogans hostiles au gouvernement et au parti majoritaire au pouvoir, le mouvement Ennahdha. Les forces de l’ordre les poursuivaient à distance pour les empêcher de rebrousser chemin.
Devant le ministère de l’Intérieur, les esprits se sont chauffés, mais il n’y a eu ni accrochage ni débordement. Le groupe a poursuivi son chemin jusqu’au niveau du théâtre municipal où il a été rejoint par un petit groupe entonnant l’hymne national.
Il est à noter que cette manifestation n’a eu aucun impact sur le trafic et les activités commerciales dans l’avenue et les artères avoisinantes, et ce, contrairement aux appréhensions affichées par le ministre de l’Intérieur pour justifier sa décision d’interdire la manifestation sur cette avenue. Tout était normal. Les magasins et les cafés étaient ouverts pour accueillir les clients et les promeneurs n’avaient pas l’air inquiet. Une ambiance qui n’est pas sans rappeler la manifestation du 1er mai organisé par l’UGTT à l’occasion de la fête du travail.