Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la situation de la liberté d’expression et de l’information en Tunisie, selon un communiqué diffusé lundi 23 novembre par l’organisation.
Ce communiqué fait suite au limogeage du PDG de la télévision nationale par le chef du gouvernement tunisien à la suite de la diffusion, lors du journal télévisé des images du jeune berger Mabrouk Soltani décapité par des terroristes.
ARTICLE 19 et RSF sont extrêmement préoccupés par les conditions de ce limogeage – Mustafa Beltaief, PDG de la télévision nationale depuis juin 2014 a été limogé par téléphone, par le chef du gouvernement -, ainsi que par la nomination d’un nouveau PDG par intérim, relève les deux organisations dans ce communiqué.
Le nouveau PDG a en effet été désigné sans que la Haute autorité indépendante de communication audiovisuelle (HAICA) ni les acteurs du secteur ne soient examinés. Or, le rôle consultatif de l’autorité de régulation indépendante est expressément défini dans ce cas par le décret-loi n° 116-2011.
« Cette décision unilatérale a été suivie par des déclarations affligeantes du ministre de la Justice par intérim, publiées le 17 novembre. Celui-ci a annoncé avoir autorisé la poursuite de toute personne responsable de la diffusion des images du berger décapité et ce en vertu de l’article 31 de la loi organique n° 2015-26 du 7 août 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent et de l’article 23 du code de procédure pénale », notent RST et ARTICLE 19.
« Ces mesures visent clairement les journalistes et constituent ainsi une atteinte grave à la liberté de l’information, déclare Yasmine Kacha, responsable du bureau Maghreb de RSF.La sécurité juridique des acteurs de l’information est garantie par le DL-n°115 relatif à la liberté de la presse, seul référent juridique devant être reconnu par les magistrats tunisiens dans les poursuites contre les journalistes ».
ARTICLE 19 et RSF avaient déjà souligné que la terminologie excessivement vague de l’article 31 de la loi n’était pas compatible avec le droit international de la liberté d’expression. Les dispositions de cet article créent ainsi des obstacles considérables pour les journalistes couvrant l’actualité relative aux activités terroristes, ou voulant critiquer l’action du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme […]
A.B.