Ce matin les portes de l’espace Khaldounia étaient toujours closes. Les bureaux de l’association des anciens d’Ibn Charaf sont fermés par des chaines en acier, avec un document collé sur les portes, accusant l’association de recel de livres volés, frappé du sceau de Cheikh Houcine Laabidi, comme s’il émanait d’une personne ayant autorité sur les lieux.
Le président de l’association, Fethi Kasmi, se présentera demain mercredi 23 janvier, en compagnie d’un huissier de justice pour constater la fermeture illégale des locaux de l’association, quant à l’ouverture, nous croyons savoir de source au sein de l’association, qu’elle aura lieu au plus tard vendredi 25 janvier.
La cour civile d’urgence du tribunal de première instance de Tunis avait rendu, hier, son jugement concernant l’espace Khaldounia et avait ordonné sa restitution à l’association des anciens d’Ibn Charaf, qui occupait les lieux avant l’opération «coup de force» menée par Houcine Laabidi.
Au début du mois de janvier, Houcine Laabidi, imam très controversé de la mosquée Zitouna, s’est mis en tête d’aller à la conquête de l’espace Khaldounia. Accompagné d’une vingtaine de ses fidèles, l’imam fait irruption dans les locaux de l’association, intimant à tous les présents, staff de l’association y compris, l’ordre de quitter les lieux, une volontaire de l’association, doctorante en droit, a même été verbalement agressée par les sympathisants de l’imam, avec des insultes, des accusations de traitrise et de bassesse morale.
L’objet de la discorde est que Cheikh Laabidi estime que l’espace, appartient historiquement à la Zitouna, aussi lors d’une de ses précédentes visites de courtoisie, Houcine Laabidi aperçoit des écrits d’Ibn Charaf, qui selon lui sont la propriété de la mosquée. Il accuse ainsi l’association d’être en possession de livres volés (à noter que l’association dispose d’autorisations en bonne et due forme, relatifs à ses écrits, de la part du ministère de la Culture et qu’elle effectue un travail d’archivage et de documentation en coopération avec la bibliothèque nationale).
L’imam, décide donc, après avoir fait sortir tous les occupants par la force et l’intimidation, de s’approprier les lieux et de les mettre sous scellés et cela en l’absence de toute décision de justice et sans aucune base légale.
Le cheikh Laabidi, n’en est pas à sa première défiance envers les autorités, on a tous en mémoire l’épisode du changement de serrures de la mosquée Zitouna, de l’expulsion d’un imam fraichement nommé par le ministère qui était censé le remplacer.
L’on se demande, jusqu’à quand cet imam autoproclamé et ne reconnaissant aucune autorité autre que la sienne, va sévir et agir à l’encontre de la loi, avant que les pouvoirs publics ne daignent agir et remettre de l’ordre dans une institution aussi prestigieuse et glorieuse que la Zitouna.