Ce qui a été convenu de désigner comme l’affaire « Nessma » a été de nouveau reportée par la Justice tunisienne au 19 avril prochain dans un climat tendu, marqué par l’agression du rédacteur en chef du journal « Le Maghreb », M.Zied Krichen, et le professeur universitaire et écrivain, M.Hamadi Redissi, cible de ces extrémistes à cause de leurs écrits et de leur position à l’égard de la liberté d’expression, et aussi de
l’extrémisme et de l’intégrisme religieux.
Aujourd’hui, la problématique se pose en terme à la fois simple et complexe.
Elle est simple du point de vue de celui qui s’est vu confier la tâche de se prononcer dans une affaire relative à cette liberté fondamentale et essentielle pour toute démocratie, la liberté d’expression. Ce rôle a été dévolu au juge judiciaire, connu dans la tradition comme étant le protecteur des libertés publiques.
Elle est complexe en ce sens que le juge est appelé à délimiter les frontières de l’exercice de cette liberté dans notre pays et au sein de notre société. C’est à lui que reviendra la responsabilité de déterminer, en partie, l’avenir de cette liberté dans notre pays.
La Justice est appelée à exprimer sa totale indépendance à l’égard de toutes sortes de pressions inqualifiables, politiques, morales et sociales, qu’on ne manquera pas de lui faire subir.
Saura-t-elle répondre aux attentes d’un peuple qui a tant souffert des limites voire du manque de liberté d’expression dont il a été privé pendant de longues années, les années noires de la Tunisie, ces années que nous promettent pour l’avenir cette frange extrémiste minoritaire des salafistes qui veut nous imposer son mode de vie et de pensée ?
Ailleurs, le Juge a toujours joué un rôle positif dans le développement des libertés.
En sera-t-il de même chez nous ?
Tel est le défi que la justice tunisienne se doit de relever afin que sa décision aille dans le sens de l’histoire moderne et moderniste de notre pays, toujours à la pointe du développement des droits de l’homme dans le monde arabe.
C’est de son audace et de sa rigueur que dépendra, dans une grande mesure, l’espace de liberté auquel le citoyen tunisien aura droit !