Moncef Marzouki semble vouloir jouer un rôle de rassembleur sur le plan national malgré ses pouvoirs effectifs étriqués par rapport au chef du gouvernement.
Le Président de la République provisoire a donc pris une bonne initiative en invitant les principaux premiers responsables des différents partis politiques de la place.
Tout le monde a répondu présent, y compris le leader de « Nidaa Tounès », M. Béji Caied Essebsi, pourtant critiqué de manière virulente par le parti du Président lui-même, le Congrès Pour la République (le CPR), mais à l’exception du chef du parti majoritaire, Ennahdha.
Donc et si les principaux responsables des partis, de droite ou de gauche, ont répondu positivement à l’invitation de Moncef Marzouki, le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, quant à lui, n’a pas cru bon de se déplacer au Palais de Carthage, ce qui constitue un geste inamical à l’égard de l’un des plus chauds alliés au sein de la Troïka. Elle peut aussi s’expliquer par le fait qu’Ennahdha veut adresser un message clair au Président de la République provisoire qu’il ne serait plus leur candidat dans le futur surtout que Moncef Marzouki veut aussi apparaitre comme une personnalité politique capable de rassembler les Tunisiens. Mais, il est incontestable que cette absence pourrait être lourde de conséquences et plomber le consensus national. C’est, à notre avis, la seule explication possible à ce faux bond dommageable pour le pays et pour un accord unanime sur son avenir.
Par cette absence inexplicable et difficilement justifiable, Rached Ghannouchi et le parti majoritaire au sein de l’Assemblée Nationale Constituante, semblent vouloir faire cavalier seul, ce qui pourrait entraîner le pays vers un saut dans l’inconnu. C’est peut-être aussi un geste qui témoigne d’une position hostile à l’initiative de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens à laquelle les Islamistes n’ont pas adhéré d’une manière claire et franche. À ce sujet, on constate que plusieurs dirigeants d’Ennahdha n’ont jamais été vraiment favorables au rôle politique de la Centrale Syndicale à laquelle l’UGTT tient vu son rôle sociopolitique depuis plus de soixante années. De plus, ils n’ont pas vraiment accepté, là aussi d’une manière franche.
Maintenant, il serait intéressant de connaitre la position de Rached Ghannouchi et de son parti à propos de cette absence, et d’en connaitre les tenants et les aboutissants.
En tous les cas, on peut regretter cette absence, loin de faire baisser la tension et de vouloir rassembler le pays sous une seule bannière…