Tous les jours et tous les soirs, depuis l’initiative d’un collectif d’associations de défense des valeurs républicaines pour honorer le drapeau national, les souks de la rue du Pacha ne désemplissent pas. Par familles entières, les gens viennent acheter des pavillons tunisiens. Certains profitent d’une promenade en ville pour porter un drapeau et inviter d’autres à le faire.
Décidément, les Tunisiens prouvent qu’ils aiment se mobiliser pour le drapeau national et s’apprêtent demain à le hisser là où ils peuvent au-dessus de leur domicile, comme les y invite le collectif d’associations de défense des valeurs républicaines.
C’est tout dire de l’état moral actuel de la Tunisie que de constater que le drapeau et sa défense sont devenus un signe de ralliement de la société civile alors que le gouvernement semble faire l’impasse sur le pavillon national.
Heureusement, l’armée tunisienne a largement sauvé l’honneur en déployant des drapeaux géants et en en hissant d’autres, dont les plus visibles en ville, surmontent Borj Ali Rais et Bab Saadoun.
Que se passe-t-il donc ? Nous sommes à la veille d’une fête de la République et les rues ne sont pas chamarrées de drapeaux rouge et blanc. Ce ne peut être un oubli et, par conséquent, cette omission gouvernementale devrait être lue politiquement. D’autant plus que le coup avait déjà été fait un certain 20 mars 2012, avec l’absence de drapeaux le jour de la fête de l’Indépendance.
Le gouvernement de la Troïka nous a donc déjà servi cette drôle de manie qui consiste à minimiser l’importance du drapeau national. Et par retour du pendule, la société civile a pris le relais défaillant pour honorer le drapeau national.
Pourquoi la Troïka boude-t-elle le drapeau ? Est-ce, par extraordinaire, pour boycotter la récente initiative d’un collectif associatif ? Serait-ce plutôt pour aller dans le sens des Frères musulmans et des salafistes pour lesquels les drapeaux nationaux sont relatifs voire n’ont aucune valeur ? Troublant et tragi-comique…
Pour l’heure, à Tunis, seule la Municipalité a su tirer son épingle du jeu en affichant de nombreuses banderoles. Quant aux 3 présidents, ils ne semblent pas avoir donné d’ordres pour hisser le drapeau. Dommage car c’eût été une manière de se réhabiliter un peu devant le peuple tunisien.
Et dire qu’il y a une quinzaine de jours, les drapeaux tunisiens et français flottaient partout et sont restés en place quelques jours après le départ de François Hollande après avoir été installés cinq jours avant son arrivée. Dans ce cas précis, c’était une visite d’Etat et la Troïka n’avait pas tellement le choix. Mais pour la fête de la République, on préfère faire ressentir au peuple qu’il est orphelin de son drapeau alors que la réalité est tout aussi tragique puisque le peuple tunisien est en fait orphelin de véritables responsables et de patriotes sincères a la tête de l’Etat et des partis politiques vainqueurs des élections d’octobre 2011.