C’est par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, que la France a félicité, aujourd’hui, Ennahdha pour sa victoire. Les mots de Bernard Valero, rapportés par l’AFP, ont été : «Nous adressons nos félicitations au parti Ennahdha, vainqueur de cette élection ainsi qu’à tous les élus de ce premier scrutin démocratique et libre organisé dans la région depuis le début du « printemps arabe »», ajoutant que «la France se tient aux côtés du peuple tunisien dans cette période essentielle de son histoire».
Les autorités françaises ont l’art et la manière de retourner leur veste, quand elles veulent. Mais cela ne réussira pas à leurrer le peuple tunisien. Rappelons qu’il fut un temps où, par l’entremise d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, la France mettait en garde, indirectement, Ennahdha contre tout dépassement. D’ailleurs, Juppé avait, fin octobre déclaré que la France aiderait économiquement la Tunisie «dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies» et en soulignant l’importance «d’avoir cette conditionnalité» (voir notre article Juppé souffle le chaud et le froid sur la Tunisie).
Puis, peu à peu, la France a commencé à retourner sa veste à l’issue des résultats partiels du 23 octobre, puisque le même Alain Juppé a déclaré, le dimanche 6 novembre, sur les ondes d’Europe 1, qu’il entendait «faire confiance aux responsables du parti islamiste Ennahdha … et travailler avec eux» (voir notre article Alain Juppé fait confiance à Ennahdha).
Et voilà qu’aujourd’hui l’Hexagone félicite le parti de Rached Ghannouchi sans aucune «conditionnalité». D’après l’AFP, ce dernier a été appelé et félicité par le ministre français des Affaires étrangères, il y a de cela une semaine en lui donnant un «message de confiance sans préjugé ni procès d’intention».
Espérons qu’à la prochaine révolution, la France ne retournera pas son pantalon comme «L’opportuniste» de Jacques Dutronc.