Chaque été, le même scénario se répète dans de nombreuses villes tunisiennes : le soleil se couche, la chaleur retombe, et les rues s’animent… jusqu’à l’excès. Cri d’enfants qui jouent au ballon jusqu’à minuit, musique hurlante lors de fêtes familiales, klaxons intempestifs, cafés débordant sur la voie publique avec des enceintes à plein volume… Que font les autorités ?
Le vacarme s’installe, et avec lui un profond malaise. Car si l’ambiance estivale est censée être synonyme de détente et de convivialité, elle devient, pour beaucoup, un véritable calvaire sonore.
Dans certains quartiers populaires comme dans des zones plus résidentielles, les trottoirs et chaussées se transforment chaque soir en terrain de jeux. Les enfants, livrés à eux-mêmes, prolongent leurs courses et leurs cris bien après les heures de sommeil habituelles.
Des fêtes interminables !
À cette agitation enfantine s’ajoute une autre forme de tapage : celle des fêtes privées qui envahissent l’espace public. Fiançailles, mariages, anniversaires ou simples soirées entre voisins donnent lieu à l’installation sauvage de tentes, de projecteurs et d’énormes haut-parleurs en pleine rue. Les musiques s’enchaînent à un volume assourdissant jusque tard dans la nuit. Les riverains, eux, n’ont d’autre choix que de subir.
Les cafés, eux aussi, participent à cette ambiance tonitruante. Certains, profitant du manque de contrôle, installent des enceintes puissantes, organisent des retransmissions de matchs ou diffusent des playlists de musique populaire jusqu’à deux heures du matin. Dans plusieurs villes, les établissements ne respectent ni les horaires de fermeture, ni les règles de voisinage.
Un droit à un environnement sain
Pourquoi un tel relâchement ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’abord, une certaine tolérance culturelle au bruit, souvent perçu comme un signe de vie, de joie, voire de virilité. Ensuite, une législation peu appliquée. Si la loi tunisienne évoque le droit à un environnement sain, elle reste floue et difficile à faire respecter. Les autorités locales, souvent dépassées ou peu enclines à intervenir dans des affaires jugées « mineures », laissent faire. Et quand la police est appelée, son intervention est souvent tardive, voire absente.
Mais faut-il se résigner à vivre chaque été dans le vacarme ? Plusieurs pistes de solutions existent, encore faut-il une volonté politique pour les mettre en œuvre. D’abord, renforcer les règlements municipaux en matière de bruit et exiger leur application stricte.
Cela suppose de doter les communes de moyens de contrôle, y compris la possibilité de verbaliser les contrevenants. Ensuite, organiser des campagnes de sensibilisation, notamment auprès des jeunes et des parents, sur les effets néfastes du bruit, tant sur la santé que sur la cohésion sociale. Il est aussi nécessaire de créer ou de rouvrir des espaces de loisirs nocturnes encadrés pour les jeunes, comme des centres culturels ou sportifs accessibles après 22h.
Que dit la loi ?
Omar Ennaifer, directeur de l’Hygiène et de la Protection de l’Environnement à la municipalité de Tunis, a rappelé que la lutte contre les nuisances sonores repose sur un arrêté municipal datant du 22 août 2002.
Selon lui, en période estivale, le bruit est strictement interdit durant les heures de sieste, fixées de 13h à 17h, du 1er juillet au 15 septembre. Pour les établissements ouverts au public, les nuisances sonores sont prohibées de 22h à 8h du matin. Les salles des fêtes bénéficient toutefois d’une dérogation leur permettant de maintenir le bruit jusqu’à 1h du matin. Enfin, les fêtes organisées dans des domiciles privés doivent impérativement obtenir une autorisation municipale préalable.
Lire aussi : Tunisie – La Manouba : Fermeture obligatoire des salles de fêtes à partir de minuit