En plein été caniculaire, alors que les climatiseurs tournent à plein régime, la consommation électrique en Tunisie atteint des pics vertigineux. Pour éviter l’effondrement complet du réseau, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) recourt à une mesure peu connue du grand public, mais aux conséquences bien visibles : le délestage électrique.
Contrairement à une panne classique, le délestage est une opération délibérée de coupure d’électricité dans certaines zones du territoire, par roulement. L’objectif : soulager le réseau lorsqu’il est au bord de la saturation, en supprimant temporairement la charge dans des secteurs non prioritaires.
Ce mécanisme d’urgence permet de maintenir l’alimentation dans les zones dites « sensibles » : hôpitaux, infrastructures critiques, grands axes urbains, etc., tout en évitant un blackout généralisé.
En clair, il s’agit d’un choix stratégique entre une coupure partielle et brève, et un effondrement total du système électrique, avec des conséquences bien plus lourdes.
Inspirée d’une pratique mondiale
La Tunisie n’est pas un cas isolé. Le déstalage – ou load shedding dans les pays anglophones – est pratiqué dans de nombreuses régions du monde, souvent en développement ou confrontées à des déséquilibres entre production et consommation.
En Afrique du Sud, par exemple, ce système est en place depuis des années, géré selon des « niveaux » (stages) en fonction de la gravité de la situation. Le Liban, l’Inde, l’Algérie ou encore certains États des États-Unis l’utilisent également, parfois de manière planifiée et annoncée à l’avance.
Mais si le déstalage évite le pire, il n’est en aucun cas une solution durable. Il révèle au contraire les limites du système énergétique tunisien, notamment en période estivale. La forte demande liée à la climatisation, la vétusté de certaines infrastructures et le retard dans les projets de diversification énergétique, notamment le solaire, fragilisent le réseau.
La situation devient critique lorsqu’elle mène à un blackout, comme ce fut le cas en août 2022 : une coupure géante d’électricité a plongé la majorité du pays dans le noir pendant plusieurs heures. Une alerte rouge pour les autorités et la STEG, confrontées à l’urgence de moderniser le réseau et de gérer la demande.
Une meilleure communication attendue
Alors que le délestage continue d’être appliqué sporadiquement cet été, souvent sans communication préalable, de nombreux citoyens s’interrogent. Pourquoi leur quartier est-il soudainement plongé dans le noir, alors que d’autres restent éclairés ? Un manque de transparence et d’anticipation qui alimente colère et confusion.
Il devient urgent que la STEG, et plus largement l’État, communiquent clairement sur ces mesures, tout en accélérant les réformes nécessaires pour rendre le système plus résilient tant que ces mesures sont préventives.
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