Aller à la rencontre de Tunisiens, dans un pays aussi gigantesque que l’Ukraine et de surcroît en temps de guerre peut paraître difficile, mais pas impossible. C’est à Odessa que nous allons faire la connaissance du principal point d’attache de tous les Tunisiens en Ukraine.
Lundi 13 novembre, nous entamons notre voyage vers Odessa, ville portuaire de la mer Noire au sud de l’Ukraine, réputée pour son architecture, ses opéras et sa cathédrale de la Transfiguration, qui a été endommagée par les nombreuses attaques de l’armée russe.
Car si Odessa semble être une ville paisible et dégage une impression de calme, elle reste une cible de l’armée russe. Fin juillet dernier, deux morts et plusieurs blessés, ont été recensés, et plusieurs sites ont été touchés, dont la cathédrale de la Transfiguration.
La cathédrale de la Transfiguration à Odessa, inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, avant et après avoir été touchée par une attaque russe.
Il y a un mois, un hôtel situé sur le port a été atteint par un missile. La semaine dernière, encore, l’armée russe a lancé une attaque de drones et de missiles. Heureusement, aucun mort n’était à déplorer.
C’est donc sur Odessa, cette belle ville côtière, abritant plusieurs communautés étrangères, dont celle des Tunisiens que nous mettons le cap dans l’espoir de rencontrer des compatriotes et en savoir plus sur les raisons qui les ont poussés à rester en Ukraine malgré la guerre.
A Odessa, c’est Dr Tarek Aloui qui nous accueille. Ce Tunisien réside en Ukraine depuis 17 ans. Il y était parti en 2006 pour y suivre ses études de médecine. Devenu ophtalmologue, Tarek Aloui, a décidé de rester en Ukraine, s’est marié à une Ukrainienne et vit désormais à Odessa. Mais il est aussi le principal lien entre tous les Tunisiens résidant en Ukraine.
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Ce bénévole, s’active chaque jour à trouver des solutions aux 1500 Tunisiens présents actuellement en Ukraine. Parmi eux figurent 1200 étudiants dont 80% suivent un cursus en médecine. En outre, 250 Tunisiens sont installés. Dr Aloui connaît mieux que quiconque les démarches à suivre pour réussir en Ukraine et pour s’y intégrer.
Avec la guerre, c’est un nouveau genre de problèmes qu’il a dû solutionner, l’invasion russe, rendant certaines disciplines impossibles à étudier.
Malgré la nécessité d’étudier à distance pour réussir, les étudiants tunisiens en médecine n’ont pu l’adopter. « En raison de la nature de leur discipline et de l’importance de la pratique médicale, beaucoup se retrouvent incapables de compléter leurs études », nous précise Dr Aloui.
« Incapables de terminer leurs études en France, dans d’autres pays anglophones, ou en Tunisie, certains abandonnent, tandis que d’autres adoptent la Russie et quelques uns la Romanie », ajoute Dr Aloui.
Dr Tarel Aloui réside en Ukraine depuis 17 ans. Il y était parti en 2006 pour y suivre ses études de médecine. Il reste le principal lien entre tous les Tunisiens résidant en Ukraine
Des Tunisiens venant d’Ukraine pour terminer leurs études en Russie ! Nos compatriotes font preuve de courage pour entreprendre ce voyage. Outre le mépris de la guerre, s’ajoute l’isolement des jeunes Tunisiens en Russie.
En effet les étudiants tunisiens doivent surmonter les effets préjudiciables et le rejet associés à la situation de guerre pour atteindre leurs objectifs, tels que la poursuite de leurs études en Russie.
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En raison des sanctions économiques dues à la guerre, la Russie s’est retrouvée en situation d’isolement. En conséquence, les transferts d’argent habituels depuis plusieurs pays vers la Russie ont été perturbés, notamment ceux qui sont destinés à couvrir les frais d’études et de vie des Tunisiens en Russie.
[Walid Ben Youssef est en Ukraine pour une mission d’enquête pour les journalistes africains, parrainée par le gouvernement ukrainien].