Depuis octobre 2023, la guerre à Gaza a déclenché une vague de boycott contre les multinationales accusées de soutenir Israël. En Tunisie, comme dans tout le monde arabe, des marques comme KFC, Coca-Cola ou Carrefour subissent la pression des consommateurs.
Chute des ventes et impact direct sur les géants américains
En 2024, Starbucks et McDonald’s affichent des résultats trimestriels en baisse dans la région. Les établissements restent ouverts, mais la fréquentation chute. Les supermarchés conservent les bouteilles de Coca-Cola en rayon, mais leurs ventes reculent par rapport à l’avant-guerre.
Selon l’agence Anadolu, les actions des multinationales ciblées ont perdu 10 à 15 % entre fin 2023 et 2024, confirmant que le boycott n’est pas un phénomène passager, mais une tendance durable.
Carrefour visé : l’image de la marque en danger
Le groupe Carrefour a été au centre des critiques après la diffusion d’images montrant Electra Consumer Products, qui gère ses franchises en Israël, approvisionnant l’armée israélienne. Sur TikTok, le hashtag #boycottcarrefour dépasse les 2,3 millions de vues. Les vidéos d’allées désertes se multiplient. En Tunisie, un magasin à La Marsa a même été le théâtre d’une manifestation appelant au boycott.
Coca-Cola, Starbucks, McDonald’s, Burger King, KFC, Pizza Hut et Domino’s sont visées. Sur TikTok et Instagram, des listes entières de marques « complices » circulent. Le mot-clé #boycottisrael cumule plus de 4,8 millions de vues, montrant l’ampleur mondiale du mouvement.
En Tunisie, les restaurants KFC sont moins fréquentés, certains managers murmurent une possible vente. Les ventes de Coca-Cola ralentissent. Le boycott dépasse désormais l’achat de produits pour inclure des manifestations dans les grandes surfaces.
La montée en puissance des ventes en ligne en Tunisie malgré le boycott
Fait surprenant en Tunisie : selon des experts, alors que les restaurants KFC sont désertés, leur chiffre d’affaires en ligne aurait été multiplié par huit entre 2023 et 2024.
Ce phénomène illustre une tendance particulière : certains consommateurs fidèles à la marque préfèrent commander à distance, par « honte » de se rendre sur place. Cette stratégie permet aux clients de continuer à soutenir leurs marques préférées tout en répondant aux appels au boycott.
Les experts notent que ce comportement reflète une nouvelle forme de consommation adaptative et symbolique, où l’achat en ligne devient un moyen de contourner la pression sociale directe tout en conservant ses habitudes de consommation.
Une arme économique et politique puissante
Pour les experts, l’efficacité du boycott réside moins dans les actions ponctuelles que dans la constance des choix des consommateurs. La fidélité au boycott affaiblit les stratégies de croissance des entreprises et oblige les multinationales à intégrer cette pression dans leurs rapports financiers.
Dans le contexte actuel, le boycott est perçu comme une forme de résistance pacifique, mais extrêmement influente. Il combine sanction économique et message politique fort adressé aux gouvernements et investisseurs.
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