Les Tunisiens sont de plus en plus réticents à l’idée de placer leur argent dans des comptes d’épargne de peur que se produise le scénario libanais et qu’ils se trouvent dans l’impossibilité de retirer leurs dépôts des établissements financiers.
La question dépasse le cadre d’une simple hypothèse, cela se raconte dans les cercles fermés des banquiers et le constat se vérifie.
Les agents économiques à capacité de financement, qu’ils soient des ménages, des entreprises ou encore des sociétés non financières, rechignent, depuis que la crise libanaise a pris une dimension alarmante, à placer leur argent dans les établissements financiers et cela a fortement impacté le taux d’épargne nationale.
Le taux d’épargne nationale, qui était dans les années 2000 de l’ordre de 23%, s’est, en effet, fortement effrité. Aujourd’hui, le taux d’épargne par rapport au revenu national disponible brut (RNDB) se limiterait à seulement 4%, soit le niveau le plus faible depuis plusieurs années.
En plus du spectre libanais, la baisse du taux d’épargne en Tunisie s’explique par le taux élevé de l’inflation qui a atteint en janvier les 10,2%.
Quand on sait que le taux de rémunération de l’épargne (TRE) n’est que de 6,25%, les agents à capacité de financement seront pénalisés quand ils mettent leur argent dans des dépôts d’épargne, puisque réellement ils perdent au change.
Pour l’heure, seule la signature d’un accord avec le FMI pourrait décrisper la situation et rendre la confiance aux épargnants. Sans cela, l’aversion risque de grandir davantage.