Depuis son investiture à la tête du gouvernement, Béji Caïd Essebsi, l’homme et le politicien, n’a jamais cessé de faire parler de lui. Là où il passait, il ne laissait personne indifférent. Loin de là !
A 85 ans (l’âge de la raison, diront ses apôtres), le ‘Bourguibiste’ est prêt aujourd’hui à relever un énième défi. Celui de fonder un nouveau parti centriste. Objectif caché, mais tellement apparent qu’on pouvait le deviner au bout de ses lèvres et au fin fond du bleu azuréen de ses yeux.
Dans un communiqué rendu public hier et dans lequel il a insisté sur le fait que les choses ne vont pas comme sur des roulettes dans nos contrées et qu’après la révolution, « un certain climat de confusion et de mystère dans le travail de l’Assemblée Constituante règne, ce qui a donné lieu à une crise de confiance entre le peuple et le gouvernement sur le plan politique de sorte que la sécurité nationale a été touchée de même pour l’économie et le climat social… Surtout avec cet extrémisme et cette violence qui font rage dans notre société… », BCE n’oublie pas de tirer à boulets rouges sur le gouvernement de Jebali. D’ailleurs, il n’a pas raté son invitation aujourd’hui sur les plateaux de Jawhara FM (un choix qui n’est pas du tout ‘innocent’), pour l’attaquer, qualifiant son activité de « flou ». L’ex-Premier ministre appelle l’Assemblée Constituante, et le gouvernement qui en est issu, à préciser « d’une manière claire et officielle, la durée de leurs mandats » et tient à ce que les nouvelles élections aient lieu avant la date du 23 octobre 2012… D’ailleurs, il a ajouté : « on a invité le peuple à élire une AC qui a pour objectif la constitution d’une nouvelle constitution pour une durée d’une année. Une période qui n’a pas été définie après les élus de l’AC mais encore par le nouveau gouvernement. Et là, il y a anguille sous roche (fiha waw !) ».
Des phrases qui ont provoqué des questions. Essebsi est-il parti pour revivre une seconde jeunesse politique ? Il laisse la porte entrouverte quant à un possible retour sur la scène politique en déclarant au micro de Jawhara FM : « Ce n’est pas impossible, seul l’avenir pourra trancher ». Comme nous l’avons écrit, le choix de cette station est loin d’être ‘innocent’ puisque BCE, et après avoir rendu hommage aux Sahéliens pour qui il a ‘une estime bien particulière’ (sic !) allant même jusqu’à partager ses goûts pour la chanson tunisienne avec ceux des Sahéliens, a voulu rassurer à travers cette radio privée tout son beau monde (le peuple en premier lieu et le gouvernement ensuite) qu’il place encore sa confiance en ce gouvernement qui « reste capable de s’en sortir malgré la situation économique précaire et la conjoncture mondiale instable ». BCE n’a pas manqué de rappeler que le peuple tunisien a longtemps patienté et maintenant il faut que ses vœux soient exaucés.
Il a également expliqué sa présence lors du procès de Nessma par un acte de soutien à Nabil Karoui mais aussi pour défendre la liberté d’expression dans un contexte plus général.
Il ne faut donc pas être un devin pour connaître les prétentions de ce Bourguibiste de formation politique. Son engouement ne laisse pas grande marge au suspense quant à son retour sur la scène politique à travers un parti centriste qui rassemblerait selon les propos de l’ex-Premier ministre une large frange des partis politiques en vue d’un consensus.
Essebsi est-il (bien) parti pour replonger dans le politique à la tête d’un parti qui regroupe plus d’une frange politique afin de contrecarrer la Troïka et en premier lieu Ennahdha ; une Troïka qui pour lui est dans l’incapacité de réussir ?
L’homme possède déjà deux atouts et non des moindres enviés par plus d’un : la popularité et le charisme !