Le pouvoir politique continue, sous le prétexte de purifier les différents secteurs, sa chasse aux « présumés corrompus » dans tous les domaines.
Il avait commencé par cette liste de 82 magistrats et leur suspension en se fondant sur leurs prétendus dépassements et abus commis dans l’exercice de leurs fonctions sous l’ancien régime. Or, cette décision avait suscité beaucoup de critiques dans la mesure où elle avait été prise en contradiction avec les textes de loi en vigueur, les magistrats ayant été sanctionnés n’ayant pas bénéficié de leurs droits de défense les plus élémentaires. Les protestations avaient, d’ailleurs, provoqué le rétablissement de 8 magistrats dans leurs droits alors que d’autres ont introduit des recours devant le tribunal administratif pour abus de pouvoir et d’autres ont, enfin, préféré démissionner.
Le ministère avait laissé entendre qu’une seconde liste serait en préparation, annonce faite depuis le mois de mai dernier, mais qui n’est pas encore paru et semble même avoir été « oubliée », du moins pour le moment.
La même menace de divulgation d’une liste de journalistes corrompus revient chaque fois qu’une tension se dégage des rapports entre le pouvoir et les médias, mais sans que cette liste, que le syndicat des journalistes sollicite aussi, ne soit divulguée.
Maintenant, c’est au tour des avocats. En effet, La lutte contre les abus va être déclenchée contre les défenseurs de la veuve et de l’orphelin dont une liste serait actuellement en préparation dans les arcanes du ministère de la justice. Ce dernier avait envoyé des correspondances aux entreprises dépendantes de l’Etat afin de l’informer sur les avantages financiers accordés aux avocats. Le ministre a déclaré que certaines entreprises avaient déjà répondu alors que d’autres n’ont pas encore fait parvenir leurs réponses. Il a ajouté que les avocats qui auraient bénéficié de ces avantages en violation de la loi, et si cela est susceptible de poursuites judiciaires, la justice sera actionnée. Quant aux sanctions disciplinaires se rapportant, ils sont du ressort du Conseil de l’Ordre, la seule institution compétente en la matière.
Sans douter de la nécessité de « purifier » tous les secteurs et de réparer les injustices, il nous semble que c’est son instrumentalisation qui est la plus inquiétante dans la mesure où cette action ne parait pas, loin de là, innocente. L’on semble plutôt essayer d’écarter des éléments jugés indésirables dans le contexte politique présent. Une sorte de tactique pour faire taire une grande partie de la société civile représentée par les journalistes ou les avocats qui son entrain de jouer un rôle important à l’heure actuelle.