Le ministre de l’Intérieur, Ali Laârayedh, a accordé ce mardi, une interview à la chaîne de télévision Watania 1 où il s’est exprimé sur la question sécuritaire dans le pays, le meurtre de Chokri Belaid, les accusations dirigées contre son ministère et certains de ses cadres ainsi que la question du gouvernement de technocrates.
Concernant la menace terroriste que représentent certains groupes armés sur la sécurité du pays et des citoyens, il a précisé que les efforts déployés par les forces de police et l’armée nationale ont conduit à l’arrestation d’une quarantaine de terroristes, la localisation d’un dépôt d’armes à Medenine et le démantèlement d’un certains nombre de réseaux terroristes. D’après le ministre, la situation s’est beaucoup améliorée sur les frontières et les fléaux de trafic d’armes et de contrebande sont en train d’être maîtrisés.
Seulement, a-t-il poursuivi, les troubles sociaux et les tiraillements politiques n’ont pas facilité la tâche aux forces de sécurité qui ne peuvent pas intervenir sur tous les fronts et faire face à tous les dangers sécuritaires et autres débordements. A ce dernier titre, il a cité le crime politique dont a été victime le martyr Chokri Belaid et les réactions engendrées par cet événement qui a nécessité la mobilisation d’importants moyens pour démasquer les tueurs et leurs complices.
Selon le ministre, l’affaire est entre les mains des autorités judiciaires qui supervisent minutieusement l’enquête policière. Il a assuré que l’instruction dans cette affaire est en train d’avancer dans le bons sens et que les démarches entreprises dans ce cadre ont permis de rassembler suffisamment de preuves et de données et de dresser des portraits robot qui ont été publiés sur certains médias et les réseaux sociaux.
Il a condamné, par ailleurs, l’attitude de certaines parties qui se sont lancées dans des extrapolations infondées en publiant de fausses données et en accusant des responsables nommément désignés d’avoir été derrière le meurtre. Dans le même ordre d’idées , il a reproché aux journalistes Zied El Heni et Sofiane Ben Farhat le fait d’avoir révélé au grand public des informations parvenues à leur connaissance, faisant état de la responsabilité de cadres de la sécurité et de l’existence d’une police secrète pour éliminer des personnalités politiques. Le ministre aurait souhaité qu’ils en réfèrent aux autorités compétentes plutôt que de recourir à cette dénonciation sur les médias qui brouille les pistes et donne une chance aux criminels d’esquiver les poursuites et d’escamoter les traces du crime.
A propos du saccage des mausolées, il a précisé que les procédures engagées dans ces affaires ont abouti à l’arrestation et à la comparution en justice de certaines personnes appartenant au courant salafiste radical qui considère ces lieux comme incarnant le polythéisme. Concernant le mausolée de Sidi Bou Said, il a réitéré l’hypothèse de la masse électrique qui aurait été à l’origine de l’incendie en se prévalant de rapports d’expertise.
S’agissant de la «police» salafiste, réapparue ces derniers jours suite aux actes de pillage et de vandalisme qui ont accompagné l’assassinat de Chokri Belaid, Ali Laâreydh a salué cette initiative citoyenne observée à Sfax, Bizerte et à Tunis dès lors où elle vise à protéger les cités et empêcher les atteintes aux biens et aux personnes. Il considère néanmoins qu’elle ne doit pas aboutir à la formation de bandes organisées pour prendre la place de la police qui est le seul organisme habilité à agir au nom de la loi pour faire prévaloir la paix et la sécurité dans le pays. A cet effet, les autorités sont intervenues pour interdire les rondes salafistes qui prennent ou menacent de prendre cette ampleur.