On n’avait pas cessé de le dire ! La lutte contre le terrorisme sera longue et dure et nécessitera de nous autres Tunisiens une exceptionnelle combativité et un patriotisme inconditionnel pour que l’on puisse préserver notre pays, notre peuple et les générations futures de cette peste noire.
L’acte odieux, sanguinaire et raciste de Sousse, comme celui du Bardo trois mois auparavant, visait d’abord à frapper l’un des fondements de notre économie, le tourisme qui permettait à l’Etat d’obtenir des recettes en devises non négligeables et assurait surtout des centaines de milliers d’emplois directs et indirects.
Il était destiné à ébranler non seulement tout un secteur mais aussi les bases de l’Etat dans une tentative de les saper et d’introduire le doute dans les esprits sur sa capacité à faire face à ce phénomène.
Apparemment, personne n’avait retenu les leçons qu’il aurait fallu tirer de l’attentat du Bardo, ni le gouvernement, ni les élus de l’ARP, ni les partis politiques, ni la société civile.
Juste, l’émotion passée, tout ce beau monde a repris ses vieux réflexes faits de passivité, de laxisme, bref de légèreté à l’égard d’un fléau que l’on ne semble pas avoir encore saisi toute la menace qu’il fait peser sur nos têtes.
S’il était tout à fait encourageant de voir que les Tunisiens ont continué à vivre normalement, les principaux acteurs de la scène politique ont continué à faire preuve d’une sorte d’insouciance coupable.
Aucune véritable mobilisation n’a été décrétée et aucune mesure exceptionnelle, nécessitée par le contexte, n’a été prise. Sinon une série de sanctions administratives ayant touché à l’époque certains cadres sécuritaires !
Mais, l’Etat, dans toute sa plénitude et dans toute sa dimension, n’a pas repris l’initiative et son attentisme nous a coûté, aujourd’hui, cet attentat meurtrier de Sousse, l’un des principaux bastions du tourisme tunisien.
Il est clair que le phénomène terroriste peut frapper à tout moment et partout, comme on a pu le constater le jour même de l’attentat de Sousse, en France, au Koweït et ailleurs, mais la réaction n’a pas été à la hauteur de la gravité de l’événement.
L’Etat est demeuré passif face, par exemple, à des courants extrémistes qui ont occupé des mosquées qu’ils ont transformé en sanctuaires de propagande aux idées violentes ou/et qui ont appelé à l’instauration du Califat en plein public, des slogans qui sont développés dans leur littérature.
Aujourd’hui, on veut réagir puisque parmi les mesures annoncées par le Chef du gouvernement figure celle de prendre les mesures nécessaires à l’encontre de ces partis et associations qui violent les dispositions de la Constitution.
Pourquoi fallait-il que l’Etat attende la survenance d’une catastrophe pour agir ? Ces partis et ces associations qui ne reconnaissent ni la Constitution, ni les lois tunisiennes ne peuvent pas normalement bénéficier de la permission d’exister légalement et de profiter ainsi de plusieurs tribunes, notamment médiatiques, pour injecter leurs pensées rétrogrades dans les esprits des citoyens.
D’ailleurs, les grands médias nationaux, notamment les médias audiovisuels, qui ont certainement le plus d’impact, font preuve d’une extrême naïveté politique, cherchant « le buzz » à n’importe quel prix et de n’importe quelle façon !
L’Union Nationale à laquelle on appelle ne peut donc se réaliser avec ces gens-là qui ne croient nullement dans la terre et le drapeau tunisiens qui nous unissent !
Il est bien évident que cette union sacrée des Tunisiens est probablement vitale pour protéger notre pays mais est-elle possible avec des groupes politiques qui ne sont nullement concernés par le devenir du pays, et qui se situent, de manière claire ou occulte, dans une dynamique politique régionale, voire mondiale avec pour objectif, à moyen et à long termes, d’islamiser la société, et le monde, et d’instaurer le Califat, leur plus grand songe.
La société civile est elle aussi coupable de laxisme et de manque de lucidité dans le combat dans lequel est engagé notre pays. La mentalité qui règne parmi les travailleurs des deux secteurs, public ou privé, est d’un flagrant égoïsme qui a donné lieu à une anarchie sociale avec des revendications, comme on l’a souvent répété, probablement légitimes mais leurs demandeurs auraient pu attendre de meilleurs jours pour l’Etat, le pays et son économie avant de les formuler.
Les citoyens ont l’obligation de se mobiliser de deux façons. La première consiste à faire preuve de conscience professionnelle et d’esprit de sacrifice pour contribuer à redresser la machine économique et à lui permettre de redémarrer.
C’est en se donnant sans calcul à son travail, partout et chacun à sa place, que la société civile contribuera à renforcer les assises de notre pays. Les citoyens doivent, en second lieu, se montrer vigilants pour contribuer à assurer la sécurité du pays.
Leur apport en termes d’informations sur tout acte louche ou personne suspecte est fondamental, voire primordial pour la prévention ou la mise en échec d’actes terroristes.
Aujourd’hui, le gouvernement et d’une manière plus générale, l’Etat, semblent vouloir reprendre la main. Mais en seraient-ils capables ?
Nous le souhaitons, mais ils doivent mettre de l’ordre dans les rangs de l’appareil d’Etat. Des comportements « simples » comme les exactions commises ces derniers temps contre les citoyens qui ne jeûnent pas démontrent l’hétérogénéité de l’action de l’Etat.
L’homogénéité est donc une condition première outre l’instauration d’une rigueur et d’une vigilance à toute épreuve. Nous n’avons plus aucune possibilité de se laisser endormir parce que le terrorisme n’attend pas et exploite tout relâchement pour frapper là où on l’attend le moins.
La deuxième condition est une rigueur de tous les instants de la part des forces sécuritaires. La rigueur ne signifie pas aussi des abus ou des comportements inciviques à l’égard des citoyens mais une forme de vigilance totale et infaillible.
La troisième condition se rapporte aux hommes qui auront à assumer ces responsabilités. Est-on sûr de leur compétence et de leur expérience pour faire face à ce genre d’événements ? Est-on sûr de leur loyauté envers le pays et l’Etat ?
Si on n’a aucun préjugé sur les uns ou les autres, il convient quand même que les premiers responsables s’assurent du dévouement envers la patrie de ces individus pour garantir l’efficacité de l’action de l’Etat.
Si ces conditions sont réunies, et si les citoyens se montrent responsables et soucieux de l’avenir de notre pays, on aura fait la moitié du chemin ; le reste est un combat quotidien, une guerre sans pitié, d’existence, contre les terroristes, ceux qui les soutiennent, et ceux qui se cachent derrière eux et les manipulent !
L.L.