Le président français François Hollande s’est rendu, ce matin à l’Assemblée nationale Constituante où il a prononcé un discours à l’attention des députés, du moins ceux qui étaient présents lors de cette plénière extraordinaire puisque 147 députés (seulement) sur les 217 que compte l’ANC ont daigné assister au discours du chef d’Etat français.
Une plénière inaugurée par un discours de Mustapha Ben Jaâfar, président de l’ANC, en guise d’introduction à l’intervention du chef d’Etat français. Au cours de cette intro, Ben Jaâfar passe en revue les relations tuniso-françaises et n’omet pas de signaler que ces relations ont connu un certain passage à vide récemment. «Un nuage passager», dit-il. La transition est lancée et François Hollande peut, à présent dérouler.
Le discours de François Hollande, aux contours classiques, a été l’occasion d’envoyer plusieurs messages positifs aux Tunisiens à commencer par le besoin de débuter une nouvelle page entre la Tunisie et la France. «Ma visite, la première d’un président français depuis votre révolution, est un symbole (…) et la France est désormais disposée à travailler avec la Tunisie sur de nouvelles bases», a-t-il fait savoir.
Pour montrer sa bonne volonté, François Hollande n’a cessé d’envoyer des signaux positifs à destination de tous, islamistes et modérés. «La France sait que l’Islam et la démocratie sont compatibles» ou encore «La France vous encourage, sans vous donner de leçons…». Des messages qui s’adressent aussi bien aux uns comme aux autres.
François Hollande n’omet pas de rendre un hommage à Chokri Belaid. «En cet instant, j’ai une pensée pour Chokri Belaid, homme de conviction, tué pour ses idées», lance-t-il avant de rappeler qu’il ira rendre un hommage à Farhat Hached, figure historique du syndicalisme tunisien en se déplaçant à son mausolée. Là, François Hollande annonce que la France a enfin décidé de remettre les archives françaises à la famille du leader syndicaliste.
Volet économique, Hollande le dit, la France et la Tunisie ont besoin l’une de l’autre. Il annonce d’abord que les dettes tunisiennes vont se transformer en investissements et que la coopération doit s’élargir à tous les secteurs. Il «invite d’ailleurs tous les Français à venir nombreux passer leurs vacances en Tunisie».
Il fait également la promesse au nom de la France, que tous les biens spoliés à la Tunisie lui seront rendus, des mesures ayant été prises à ce sujet.
Enfin, il aborde le cas des étudiants tunisiens établis en France et annonce d’ores et déjà des mesures d’assouplissement à leur encontre.
En guise de conclusion, François Hollande ne peut s’empêcher de revenir sur les événements en Egypte, mettant en garde sur le fait qu’une transition démocratique peut échouer ; l’exemple égyptien le montrant. «Quand une armée renverse un président élu démocratiquement, c’est un échec», assène-t-il.