Tunis | Des milliers de citoyens ainsi que de chefs d’Etat étrangers, des députés, des chefs de partis et des représentants de plusieurs organisations ont pris part ce dimanche 29 mars au Bardo à la marche internationale contre le terrorisme, en réponse à l’attaque meurtrière au musée du Bardo, le 18 mars dernier.
[dropcap]C[/dropcap]e matin, en s’approchant de Bab Saadoun, le bruit des hélicoptères devenait plus proche. Dans la rue, des gens longeaient les trottoirs. Tous vers une seule direction, au Bardo, pour la marche contre le terrorisme.
Arrivant à Bab Saadoun, point de départ, des policiers faisaient la fouille corporelle, une file pour les femmes et une autre pour les hommes.
– : « Ouvrez votre sac. Avez-vous une caméra ? La camera est interdite. » Par contre, les smartphones et les ipads sont autorisés.Depuis Bab Saâdoun, des dizianes de milliers de Tunisiens marchaient en criant des slogans comme …
[quote_box_center] »La Tunisie est libre, le terrorisme dehors », « Terroriste, lâche, le peuple tunisien ne peut être humilié », « Pas de place pour le terrorisme en Tunisie », « Les Tunisiens unis contre le terrorisme », « Mettre fin au terrorisme est un droit »…[/quote_box_center]
Partout où on tournait la tête, on remarquait la présence bien importante des sécuritaires.
-: »Comment vous sentez-vous aujourd’hui, que pensez-vous de cette mobilisation ? »
-: »ça va, ça peut aller … » me répond un policier sans conviction. « Nous sommes là depuis 5h00 du matin » me répond l’un des agents des forces d’intervention.
Un « tank » de la garde nationale est devenu même le décor des enfants qui voulaient prendre des photos avec les agents. Ces derniers semblaient décontractés et ravis.
Un peu plus loin, les manifestants affluaient de toutes des artères de Tunis, avançant vers la place du Bardo, à quelques mètres du drame du 18 mars dernier.
A midi, les chefs d’Etat eux arrivaient au musée du Bardo. Ils ont été accueillis par le président de la République Béji Caid Essebsi.
La marche des chefs d’Etat, prévue à 11 heures, n’a commencé qu’à 12h50. Béji Caid Essebsi avançait main dans la main avec François Hollande à sa droite en direction du musée du Bardo.
Une stèle à la mémoire des 22 victimes de l’attaque du Bardo qui a fait 21 morts a été inaugurée et une gerbe de fleurs a été déposée.Une minute de silence a été observée ensuite en hommage aux victimes dont la majorité était des touristes venus visiter la Tunisie.
Le président Béji Caid Essebsi a tenu un bref discours dans la grande salle du musée du Bardo remerciant les chefs d’Etat venus soutenir la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme. Cependant, en s’adressant à François Hollande, le président l’a appelé « François Mitterrand » faisant ainsi un lapsus bien hilarant.De l’autre côté, bien loin de la cérémonie officielle et de l’inauguration de la stèle, derrière un long barrage sécuritaire, la foule devenait énorme, rassemblée devant le parlement. Des chants, des slogans, les enfants accompagnant leurs parents, les gens qui prenaient des photos, des selfies, lançaient des youyou, chantaient… L’ambiance était bien festive. Les gens étaient vraiment là pour « fêter la Tunisie », heureux et certains de vaincre le terrorisme.
[pull_quote_center]
« Je suis Bardo, Je suis Bardo », criaient-ils, mot à l’unisson contre le terrorisme. Aucun drapeau de parti n’était visible, uniquement celui de la Tunisie.
[/pull_quote_center]
« Je suis venue à la marche parce que je suis Tunisienne. Je sais qu’on peut vivre un drame aujourd’hui mais je suis venue, la Tunisie nous est chère, » me répond Assia, une femme voilée ayant la cinquantaine environ.
En face du parlement, une affiche a été mise sur un bâtiment par le syndicat des forces sécuritaires où on voyait les photos des agents tués lors des opérations terroristes. Mohamed, un jeune manifestant d’à peine 20 ans regardait sans enthousiasme les gens excités par autant de ferveur pour démontrer leur force face à la peur.
[quote_box_center]
-: « Je ne suis pas venu pour manifester, juste pour soutenir les « camarades ». »
-: « Etes-vous policier ? »
-: « Non, c’est mon frère qui l’est. Je ne comprends pas pourquoi des musulmans tuent des musulmans. Pourquoi des musulmans tuent des innocents. Pourquoi tuent-ils ceux qui les protègent? »
[/quote_box_center]
Près du parlement, l’ancienne affiche, avec la photo du leader du Front populaire Chokri Belaid, assassiné le 6 février 2013 et celle Mohamed Brahmi, assassiné lui aussi 25 juillet 2013, était toujours là. En bas on pouvait y lire : « Pour qu’on n’oublie pas ».Pourtant, plus de deux ans après ces assassinats, seul le Front Populaire a boycotté la marche, pour ne pas « se retrouver dans la rue avec les membres de la Troika ».
A 14heures, les gens ont compris qu’ils ne pourraient pas passer du côté du musée. Vers le chemin du retour, les manifestants chantaient joyeusement, se photographiaent en groupes en espérant que ce sanguinaire chapitre du terrorisme soit à jamais dépassé.