Hier soir, vers le coup de 20h, les « breaking news » ont commencé à tomber.
Un tweet, puis un autre, puis un troisième : Que se passe-t-il à Ezzahra ?
Une bataille rangĂ©e entre un groupe de Salafistes armĂ©s et la brigade anti-terrorisme. Une fourgonnette aurait Ă©tĂ© dĂ©couverte, avec, Ă bord, une quantitĂ© importante d’armes.
Les internautes relayent l’info. De Twitter, rĂ©seau pas très frĂ©quentĂ© par les Tunisiens, elle passe Ă Facebook. Sur ce dernier, certains ajoutent « ça se confirme ». D’autres prĂ©cisent mĂŞme qu’il y a « des cartouches qui sifflent Ă Ezzahra ».
Les internautes les plus avertis essaient de distinguer le vrai du faux. On appelle des amis Ă Ezzahra. Certains habitants d’Ezzahra confirment : « Oui, la BAT est en train de pourchasser des Salafistes » et d’autres sont Ă©tonnĂ©s : « Non, il n’y a absolument rien ! ».
Entre temps, une autre version fait son apparition. Il s’agit d’une simple bagarre devant un cafĂ©, entre la police et des salafistes. Les « statuts » sur FB n’arrĂŞtent pas de pleuvoir : Ezzahra serait encerclĂ©e et on aurait demandĂ© aux habitants de ne pas sortir de chez eux ! Le tout accompagnĂ© d’une surenchère et d’analyses politiques. En gros, le laxisme de l’Ă©tat envers ces groupes de salafistes va causer la perte du pays.
Et Ă la tĂ©lĂ©, rien ! On discute du prix des tomates et des poivrons, on chante, on rediffuse des feuilletons. Absolument rien sur les ondes radiophoniques non plus ! Le bon citoyen tunisien connectĂ© (et c’est gĂ©nĂ©ralement le cas le soir ) doit s’armer de patience et attendre sagement que cette affaire soit tirĂ©e au clair. Elle ne le sera d’ailleurs sans doute jamais !
Il a fallu attendre Olfa Riahi, journaliste, pour qu’une vĂ©rification soit faite avec des tĂ©moins sur place.VoilĂ ce qu’elle rapporte :
« Ce qui se passe n’a rien Ă voir avec quelconques armes ; un salafiste de Boumhal s’est fait arrĂŞter hier. Ses amis se sont attaquĂ©s Ă des policiers aujourd’hui au niveau de la garde nationale. Deux policiers seraient dans un sale Ă©tat. Le père du militant salafiste arrĂŞtĂ© serait parti Ă la mosquĂ©e et aurait rassemblĂ© du monde demandant Ă ce que son fils soit relâchĂ©. Ils auraient menacĂ© de couper l’accès Ă la route. Une dĂ©putĂ©e d’Ennahdha serait sur place. Les policiers seraient en rogne et ils auraient voulu donner une leçon Ă ceux qui avaient tabassĂ© leurs collègues d’oĂą l’attroupement. Ni armes ni assaut ne semblent ĂŞtre d’actualitĂ©. »