Malgré la parution de deux communiqués d’avertissement de la part du ministère de l’Intérieur et toute la polémique qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux, la manifestation du 2 Juin s’est tout de même tenue.
A 11h, tout était au beau fixe
Tout était presque « normal » à 11h à l’avenue Habib Bourguiba. Seule la présence policière massive se faisait remarquer, notamment au niveau du théâtre municipal.
Quelques personnes « erraient » dans la rue avec leurs pancartes, le regard égaré, cherchant un regroupement ou d’autres manifestants. Certains vous le demandaient même « Vous aussi venez pour la manifestation ? ».
Les plus « sages » à la conférence de presse
Les organisateurs du mouvement, dont la demande de manifester avait été rejetée, ont organisé une conférence de presse/débat au Mondial.
Beaucoup de curieux sont venus y assister, avec la présence sur le podium de Aymen Rezgui, rédacteur en chef d’El Hiwar Ettounsi (la chaîne de télévision cambriolée et saccagée la semaine dernière), de Emna Menif et d’autres représentants de la société civile et de la scène politique tunisienne.
Les interventions sont surtout revenues sur la violence salafiste de cette dernière période, notamment celle d’hier au Belvédère (pour rappel, des salafistes ont envahi le Belvédère pour disperser les couples « mixtes »), en condamnant le manque de fermeté du gouvernement face à ces événements. Soudainement, beaucoup de personnes ont quitté la salle, quasiment en même temps : des bruits circulaient, évoquant un rassemblement devant la statue de Ibn Khouldoun à l’avenue Habib Bourguiba.
Les manifestants, la presse, la police … et les politiques !
Au début, une trentaine de personnes étaient présentes, rapidement encerclée par une cinquantaine d’agents de la BOP. La présence de hauts gradés était claire, certains étaient habillés en costard/cravate et d’autres avaient les épaules bien décorées.
Une présence « massive » aussi de la presse, pratiquement tous les médias y étaient représentés.
Le rassemblement commença à s’élargir malgré les tentatives de dispersion opérées par la police. L’ordre fut donné de ne pas user des matraques ni du gaz lacrymogène et de tenter de disperser en chargeant.
Des accrochages ont quand même éclaté entre manifestants anti et pro gouvernement s’accusant et se traitant de tous les noms (voir la vidéo).
Les représentants du parti politique Al Jomhouri sont venus manifester leur sympathie, notamment Issam Chebbi, Maya Jeribi et Iyed Dahmani (voir la vidéo). Ils furent agressés verbalement par quelques contre-manifestants.
« Vous voulez qu’on vous tabasse pour que vous fassiez la victime ? On ne le fera pas ! »
Tels furent les propos d’un gradé de la BOP à un manifestant qui provoquait verbalement certains agents.
Entre-temps, une centaine de policiers, s’étaient amassés à l’arrière, munis de boucliers, de matraques, certains armant leurs canons à gaz lacrymogène.
Des lignes de policiers s’étaient formées, les uns avec des boucliers et des matraques, les autres sur des motocross. L’assaut était imminent.
Finalement, la manifestation a été dispersée sans heurts remarquables, mise à part la violence de certains citoyens qui s’en prenaient aux médias et aux manifestants, en y venant même aux mains contre ces derniers.
Les touristes au rendez-vous !
Des touristes français étaient là, curieux. Ils venaient entendre les revendications des manifestants. A ma question « Avez-vous peur de ce genre d’événements ? », ils m’ont répondu : « Bien au contraire, ça fait plaisir de voir une démocratie naissante, on est ici pour encourager les Tunisiens avant tout. »