La justice militaire a condamnĂ© hier soir Ă 20 ans de rĂ©clusion les deux Libyens Hafedh Dhabaâ et Nabil Youssef ayant sĂ©journĂ© dans le maquis d’Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi), en AlgĂ©rie, pour le « meurtre avec prĂ©mĂ©ditation » des deux militaires tunisiens : le capitaine Walid Hajji et le colonel Tahar Ayari lors de la fusillade du 18 mai denier dans la rĂ©gion de Rouhia. Toujours en cavale, les cinq autres accusĂ©s dont Nabil Saâdaoui, Ă©mir du groupe incriminĂ© dans l’affaire, ont Ă©tĂ© jugĂ©s par contumace puisqu’ils sont en Ă©tat de fuite. Ils ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă la prison Ă perpĂ©tuitĂ© par contumace.
Un  » jugement illogique », selon l’avocat des deux Libyens Me Jmour, qui ajoute, « soit mes clients sont coupables et lĂ , ils doivent Ă©coper de la peine capitale, soit ils sont innocents et c’est un jugement inique ».
Six chefs d’accusation ont Ă©tĂ© retenus: homicide avec prĂ©mĂ©ditation, complicitĂ©, association de malfaiteurs, dĂ©tention, transport et fabrication d’armes et entrĂ©e irrĂ©gulière en territoire tunisien. Deux kalachnikovs, des munitions, des produits servant Ă la fabrication d’explosifs, ainsi que des passeports et un coran ont Ă©tĂ© exposĂ©s devant la presse, autorisĂ©e Ă filmer.
Les deux prĂ©venus ont niĂ© les allĂ©gations portĂ©es contre eux. NĂ©anmoins, ils ont reconnu ĂŞtre entrĂ©s en Tunisie avec des passeports libyens non valides. Ils avaient franchi la frontière tunisienne dans la rĂ©gion montagneuse de Kasserine pour regagner la Libye, après avoir sĂ©journĂ© dans les maquis d’Aqmi depuis 2006 dans l’intention de se rendre en Irak.
ArrĂŞtĂ©s le 17 mai par une brigade antiterroriste Ă Tataouine, soit un jour avant l’accrochage armĂ© de Rouhia, « ils n’avaient ni armes, ni de munitions, ni plan d’attaque au moment de leur arrestation », a plaidĂ© l’avocat des deux ressortissants libyens qui a dĂ©plorĂ© que le tribunal n’ait « pas jugĂ© utile de faire procĂ©der Ă des analyses balistiques et d’empreintes » qui auraient profitĂ© Ă ses clients. Le procureur a requis « l’application de la sanction extrĂŞme » (peine de mort) pour les sept accusĂ©s. On parle d’un interrogatoire qui a durĂ© durant sept jours, assis sur une chaise et complètement dĂ©nudĂ©s et torturĂ©s par Ă©lectrochocs, a indiquĂ© Ă l’AFP Taha Shakshuki, dĂ©lĂ©guĂ© du « Groupe de dĂ©fense des Libyens dĂ©tenus Ă l’Ă©tranger ».
D’un autre cĂ´tĂ©, les avocats de la partie civile ont rĂ©clamĂ© le dĂ©dommagement des familles des deux officiers tuĂ©s et dont les veuves ont assistĂ© hier aux plaidoiries. Une confĂ©rence de presse sera tenue incessamment par la famille du feu colonel Tahar Ayari, dont le fils, Yassine, est entrĂ© depuis plus de 10 jours en grève de la faim pour soutenir le journaliste de Nawaat, Ramzi Bettaieb, suite Ă une autre affaire de l’armĂ©e tunisienne, au sujet des martyrs et de la libertĂ© de la presse.
Bref, le jugement n’a fait que des mécontents. Et les deux parties ont interjeté appel. Affaire à suivre.
