Diviser un pays pour l’avoir dans sa poche n’a jamais été sans drame et sans conséquences ! Et un peuple qui ne connaît pas son histoire doit s’attendre à la revivre ! Ennahdha a eu tort d’avoir orchestré l’éclatement de Nidaa, elle a tort de vouloir profiter de la faiblesse de Nidaa, et a certainement tort de se satisfaire de négocier avec les adeptes du copinage de Nidaa !
Le Président de la République a tord de ne pas tenir compte de l’opinion publique, car en homme d’Etat qu’il est, il doit répondre à deux exigences : avoir une vision et surtout être capable de la partager avec son peuple. Il est triste de constater que ceux qui sont à la tête de l’Etat sont ceux qui ignorent l’état du pays ! Une écrasante majorité du peuple considère que l’Etat est à la fois corrompu et impuissant.
Depuis le 14 Janvier 2011 à nos jours, les politiques ont mal géré les affaires du pays. Pour sortir de la nasse politique dans laquelle on s’est fourvoyé, il faut arrêter de trouver des arrangements, appeler à l’union sacrée, et tracer tous ensemble une vision qui tournera obligatoirement autour des citoyens et de la citoyenneté ! Il faut dépasser cette guéguerre entre bons et mauvais musulmans, de tout temps nous avons eu des non jeûneurs, mais ces libertés se prenaient dans la discrétion et dans le respect de l’autre.
Il est grand temps d’empêcher ces gueulards de la destruction, ces donneurs de leçons crasseux et gluants de foutre la zizanie. L’union, au-delà des projets, nous protègera des menaces qui nous guettent de partout ! Beaucoup de mensonges sont entrés dans nos mentalités, et ceci laissera des traces et empêchera l’union sacrée ! La course à l’audience a remplacé la course à la vérité. Nous vivons un drame historique en n’œuvrant pas vers une opinion stable !
La fierté d’être Tunisien est en train d’être récupérée par les extrémistes ! Honte à celui qui met les intérêts de son pays en jeu pour satisfaire sa cupidité ! En cette ère de convulsions répétitives, il faut des réponses claires aux demandes du peuple : protection contre les menaces sécuritaires, protection contre la précarité des emplois, couverture sanitaire, lutte contre le chômage, ce cancer malin dû essentiellement au commerce parallèle et à la contrebande !
Mais il faut réussir à obtenir de ce peuple de se remettre à travailler pour créer des ressources, la mentalité du moindre effort nous mènera droit vers la banqueroute ! Quand la croissance est absente, on peut difficilement parler de stabilité financière. Quand on ouvre la porte aux bêtises, il est difficile de la fermer. On s’est donné depuis le début à un continuel micmac !
On ne peut pas tambouriner à tout bout de champ que la justice est indépendante, et aller concocter une loi sur mesure pour la réconciliation nationale. On ne peut pas prétendre à la liberté et à la démocratie, et s’exclure mutuellement de la vie sociétale. L’ambiance de « souq ou dallel » n’a que trop duré, le nombre de malades mentaux est en train d’exploser, nos élites sont parties ou en partance vers l’étranger, le niveau culturel et le niveau intellectuel se sont effondrés, les discussions de « hammam » tiennent de boussole politique et les prétendants sont des groupuscules aussi folkloriques que novices !
Il faut secouer le cocotier de la politique, il faut donner un grand coup de pied dans la fourmilière ! Arrêtons de dresser des Tunisiens contre d’autres Tunisiens, Le million et demi qui ont voté Ennahdha font désormais partie de notre société, il nous appartient, ensemble, de nous mobiliser pour défendre nos valeurs et l’intérêt de notre nation, car n’oubliez pas que notre société est en train de perdre de vue ses vertus civiques, et c’est dramatique !
Les politiques, les élites et les experts nous feraient beaucoup gagner à s’abaisser de leur piédestal pour expliquer à la société civile, et la convaincre de ce qui est bon pour le pays, la mobilisation et la consultation doivent être permanentes ! Il faut nous méfier des ennemis de la démocratie que sont la démagogie et le fanatisme religieux, sinon, foutu pour foutu, instaurons une dictature consensuelle et finissons en avec ces slogans pompeux et qui ne mangent pas de pain !
Zouhair Ben Jemaa