Des dirigeants au sein du mouvement Ennahdha tablent sur Kamel Morjane ou Ahmed Nejib Chebbi pour les futures présidentielles. Bien que non encore confirmée, cette hypothèse évoquée par l’hebdomadaire Al Moussawar dans sa livraison d’aujourd’hui n’est pas à exclure, selon des sources informées à Ennahdha.
Le soutien de Kamel Morjane au gouvernement d’Ali Laarayedh à un moment où l’opposition appelait à son boycott a été interprété comme étant un marché conclu avec la Troïka pour neutraliser le projet de loi sur l’immunisation de la révolution.
Accroître ses chances à travers l’électorat RCDiste
Suite au vote par les représentants du parti Al Moubadara en faveur du gouvernement Laarayedh, Cheikh Rached Ghannouchi avait promis ouvertement de récompenser ce geste. Mais la mise en débat du projet contesté a été une grande déception pour les membres et dirigeants de ce parti.
L’idée de penser à Kamel Morjane pour les représenter aux futures présidentielles, est plus que possible dans la mesure où il suffit à Ennahdha de convaincre ses partisans et sympathisants de renoncer au projet de loi sur l’immunisation de la révolution, sinon Kamel Morjane ne pourra jamais être leur candidat.
Outre les flirts et les deals cachés, le choix de Kamel Morjane se justifie par la consistance de l’électorat RCD qui compte des milliers de personnes disciplinées, encore fidèles à leurs «maîtres» d’autrefois.
Une partie de cet électorat acquis au service du parti Al Moubadara pourra ainsi être déployée pour se prononcer en faveur des candidats d’Ennahdha dans les élections parlementaires. En contrepartie l’ascenseur leur sera renvoyé à travers le choix de Kamel Morjane, à la tête de l’Etat.
Appeler l’opposition à la rescousse
Les déclarations d’Ahmed Nejib Chebbi au sujet du projet de constitution qui ont surpris la plupart de ses partenaires dans l’opposition, laissent entrevoir des ententes discrètes avec le porte-parole d’Al Joumhouri qui s’éloigne de plus en plus de l’Union pour la Tunisie.
Pour Ahmed Nejib Chebbi qui dès l’annonce des résultats des élections de l’ANC a choisi de rester dans l’opposition, le projet de constitution répond aux exigences de la démocratie et de la république.
Mieux encore, Ahmed Nejib Chebbi est hostile à toute action tendant à renverser l’ANC et le gouvernement, allant jusqu’à accuser de putschistes ceux qui appellent à une initiative à l’égyptienne.