Le ministre de l’intérieur, Ali Laarayedh, s’est adressé, hier aux Tunisiens, dans une vidéo publiée sur la page Facebook du ministère, en réaction aux récents mouvements des syndicats des forces de l’ordre.
La place de la Kasbah a vu, en effet, jeudi 31 janvier, une marche de protestation de la part des forces de l’ordre, regroupant la Garde nationale et les unités d’intervention, répondant ainsi à l’appel de leurs syndicats à manifester.
Ali Laarayedh, appelé à dégager au cours de la marche, revient dans la vidéo, sur la difficulté qu’il a eu à mener des négociations. Il rappelle que la coexistence de multitude de syndicats, dans un corps aussi sensible que le sécuritaire, et les dissensions au sein de ce corps rend tout dialogue ou accord difficile.
Revendications socioprofessionnelles
ou agendas politiques ?
Faisant part de sa déception quant au déroulement des évènements et de la mauvaise foi de certains syndicalistes, qui selon lui, ont tout fait pour perturber les négociations et revenir sur des accords sur le point d’être signés, il affirme que lui et son ministère n’épargnent aucun effort pour répondre favorablement aux revendications sociales et professionnelles des syndicats.
Cependant, le ministre accuse certains syndicats d’être politisés et de répondre à des agendas politiques dictés par des parties étrangères.
Intervenant sur le plateau de l’émission «9h du soir», Mohamed Sahbi Jouini, de l’union nationale des syndicats de sécurité, a réaffirmé les revendications des forces de l’ordre, des revendications, qui selon lui n’ont rien de politique, comme l’augmentation de la prime de risque, la représentation syndicale au sein des conseils d’administration ou l’attachement à une police républicaine.
Il a rappelé qu’ils se sont dirigés vers l’ANC pour reformer la loi organique régissant les forces de l’ordre, et l’ANC s’est montre réceptive. Toutefois, ils ont été surpris par la publication d’un texte en discordance avec ce qui était prévu, un texte excluant les droits de l’homme, un texte qui stipule que les forces de l’ordre appliquent les consignes du ministère, alors que le bon sens voudrait que les forces de l’ordre appliquent la loi sous la tutelle du ministère pour éviter de retomber dans les erreurs du passé quand le policier ne pouvait opposer aucun refus au politique.
Quant aux accusations de politisation, il admet que les slogans appelant à la démission du ministre ne sont pas acceptables mais que ces voix sont celles de la foule et non des dirigeants syndicaux.
Tentative de déstabilisation ?
Ali Laarayedh soutient que le timing de ces mouvements est douteux, et qu’à chaque fois que les forces de l’ordre font preuve d’union et font face à des défis sécuritaires, des syndicats se transforment en forces politiques et mettent des bâtons dans les roues des forces de l’ordre. Ces mêmes syndicats, essayent de remettre en marche une confrontation entre les forces de l’ordre et la population tunisienne, affirme-t-il.
Les syndicats n’ont aucune légitimité pour déposer tel ou tel ministre, reprend-t-il.
Ces comportements sont pour lui inadmissibles : «certains individus ont un comportement irresponsable, nous ne le permettrons pas et nous nous y soumettront pas…. Les forces de l’ordre ne soutiendront pas ces comportement qui salissent leur image.» insiste-il.
Il précise que sa porte reste ouverte à tous ceux qui souhaitent avoir un dialogue et se tenir éloignés des agendas politiques, rappelant que les négociations sont en cours et que toutes les questions et revendications professionnelles seront étudiées et que le ministère est sur la voie de la réforme et qu’elle sera irréversible.
Le ministre a tenu aussi à rassurer les Tunisiens sur leur sécurité, en affirmant que le pays compte des forces de sécurité et des forces armées qui y veillent jour et nuit.
Des accusations graves du ministre de l’Intérieur à l’égard de certains syndicalistes, «agents de l’étranger». Des accusations que l’on entend en boucle à chaque fois que le gouvernement est mis en difficulté. Si le ministre dispose de preuves étayant ces allégations, il est urgent de les présenter à la justice. Si toutefois, ces accusations s’avèrent infondées, les syndicats lui en tiendront forcément rigueur lors des prochaines négociations.