Le verdict du Tribunal de première instance de Tunis, dans l’affaire du viol de «Meriem», ne satisfait aucune des deux parties aux procès.
Avocat de la victime, Salaheddine El Hajri a déclaré, au micro de Shems Fm, que «cette affaire n’est pas prête, en l’état où elle en est, à être tranchée», surtout que des demandes du comité de défense de «Meriem» ont été rejetées. «On a demandé qu’une experte détermine le degré de violence matérielle subie par la victime, et qui est un des éléments constitutifs du crime du viol», a-t-il ainsi précisé.
Me El Hajri a affirmé par ailleurs que le comité de défense a réussi à prouver au Tribunal qu’il y avait eu partage des rôles entre les trois policiers. «Un policier était chargé d’éloigner l’accompagnateur de la jeune fille dans un lieu isolé pour chercher de l’argent, permettant à ses collègues de violer la victime dans un endroit obscur et isolé», a-t-il indiqué.
D’après lui, «ce partage de rôle oblige le Tribunal à aggraver la qualification de l’accusation puisqu’il faut inculper, aussi, le premier policier en tant que complice dans le crime de viol, et les deux autres policiers doivent être accusés, également, de corruption d’un fonctionnaire public car cet argent allait être partagée entre les trois agents».
Me El Hajri a soutenu, par ailleurs, que le Tribunal aurait du prendre en compte le fait que les trois policiers «ont profité de leur fonction vu que le viol a été commis dans la voiture administrative et en exploitant leur qualité d’agents de l’ordre».
Pour sa part, Fethi Laâyouni, avocat des trois policiers, a estimé, sur les ondes de Shems FM, que ce jugement est «injuste», et qu’il va, par conséquent, interjeter en appel. «Le Tribunal doit effectuer des efforts supplémentaires pour protéger son indépendance afin que son jugement réponde, uniquement, à la loi», a déclaré Me Laâyouni.
Il a jugé, aussi, que cette affaire demeure obscure, ne comportant aucun élément accablant ou innocentant de manière définitive les policiers, tout en critiquant, au passage, «la pression médiatique et étrangère» qui aurait influé sur le cours du procès.
Rappelons que dans cette affaire du viol, deux policiers ont été condamnés à sept ans de prison, alors que le troisième s’est vu infliger une peine de deux ans de prison pour corruption.
Les avocats de la victime déplorent une mauvaise application de la loi, puisque le code pénal sanctionne par la peine de mort «le crime de viol commis avec violence, usage ou menace d’usage d’arme».
«Nous sommes contre la peine de mort», a toutefois, précisé, hier soir, sur la chaîne Tounesna TV, Maître Emna Zahrouni, membre du comité de défense de «Meriem», réclamant, de ce fait, uniquement, une lourde peine de prison.