L’affaire du décès suspect d’un nourrisson à l’hôpital Farhat Hached de Sousse a suscité de nombreuses réactions et suscite encore des remous notamment au sein du secteur de la Santé où on se renvoie les responsabilités.
Au début, des informations ont fait état, depuis samedi 4 février, de la mort d’un nourrisson après avoir été placé pendant 16 heures à la morgue de l’hôpital Farhat Hached à Sousse, alors qu’il était encore vivant.
Réaction du ministère de la Santé
Le ministère de la Santé a indiqué, dans un communiqué rendu public, dimanche 5 février, que l’état du nouveau-né était critique dès le début puisqu’il est né à seulement six mois de grossesse et que le cadre médical a fait le nécessaire pour le sauver.
L’enquête interne a montré que le bébé n’a pas été placé à la morgue et qu’il n’a pas quitté la salle d’accouchement, a-t-on également affirmé.
La ministre elle-même, Samira Meraï, a déclaré que, selon les premières données et résultats, il n’y a aucune erreur médicale dans cette affaire, soulignant que le souci réside en « la façon avec laquelle le staff médical s’est comporté avec le père du bébé ».
Pendant ce temps, le médecin interne qui a supervisé la naissance dudit bébé a été arrêtée pour interrogatoire et ce dans le cadre de l’enquête, entamée par le ministère de la Santé.
Réaction du Syndicat des médecins et des pharmaciens
Invitée de La Matinale de Shems fm, ce lundi 6 février 2017, la secrétaire générale du Syndicat des médecins et des pharmaciens, Habiba Mizouni, a fait savoir que le médecin qui s’est chargée du cas de la mère du nourrisson est innocente, et qu’elle a fait son travail.
Mizouni a souligné que l’état de santé de la mère était compliqué, d’où la nécessité d’effectuer une césarienne.
La seule et unique erreur qui s’est produite dans cette affaire, est, selon elle d’avoir placé le nourrisson dans un carton. « C’est un acte « non éthique et inhumain » ».
Le médecin, « un bouc émissaire »
La secrétaire générale du Syndicat des médecins et des pharmaciens a souligné encore une fois que le médecin chargée de cette affaire n’était pas fautive et que c’est plutôt la faute du staff médical de l’hôpital qui « a manqué de valeurs humaines ».
« Il est inacceptable qu’un médecin soit mis en détention (pendant 48 heures) pour soupçon d’erreur médicale. Je n’accepte pas que les médecins soient considérés comme des boucs émissaires », a-t-elle indiqué, mettant l’accent sur la campagne de diabolisation des médecins.
Campagne sur les réseaux sociaux
Depuis l’annonce du projet de la loi de finances 2017, les médecins, comme les avocats, ont été pointés du doigt et considérés comme la cause majeure et principale de la situation économique dégradée du pays.
Sur les réseaux sociaux, les internautes analysent, dissèquent et épluchent l’affaire comme des professionnels et de la santé et des finances. Mais est-ce vraiment la faute des médecins seulement ?
Les conditions de nos hôpitaux publics proposent-elles aux médecins d’offrir un traitement adéquat des malades ? La situation n’est pas uniquement détériorée dans les hôpitaux régionaux, ou les zones rurales, mais au cœur de Tunis, à la Rabta ou au Charles Nicole.
Face à ce blocage de la situation, à des conditions hospitalières lamentables, à la quasi-absence de l’administration et à la vue brouillardeuse quant à l’amélioration du secteur, les jeunes praticiens préfèrent quitter le pays.
D’ailleurs, 450 postes ouverts dans le concours d’équivalence d’admission des médecins étrangers en France, les Tunisiens se taillent la part du lion.
Selon Jeune Afrique, en gynécologie-obstétrique, les Tunisiens ont « remporté, dix places sur les 20 places qui étaient offertes. En anesthésie-réanimation la moitié des postes offerts a été adjugée aux médecins tunisiens. Alors qu’en rhumatologie et en biologie médicale, les jeunes praticiens tunisiens ont raflé tous les postes.
I.B.
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