Quels sont les patronymes tunisiens dont les origines sont clairement ottomanes ? Regards sur un patrimoine onomastique qui mérite une recension systématique.
Des noms comme Bach Hamba ou Ben Damir ont des consonances évidentes. Tout comme le patronyme Koroghli, un nom propre qui désigne à l’origine les enfants métis, nés de couples formés par des Turcs et des femmes indigènes. Par extension, ce patronyme a été attribué aux familles ainsi composées.
Ben Damir est un nom qui renvoie au métier de forgeron. C’est aussi le cas de Damergi dont la signification est similaire. Beaucoup de familles tunisiennes portent des noms de métier : Bostangi signifie jardinier,
Sohlobgi marchand de sorgho. En règle générale, le « gi » désigne un nom formé à partir d’une profession et les exemples sont nombreux.
Beaucoup de noms comme Kazdaghli Karabibene, Kordoghli, Karaborni, et d’autres ont des origines turques. Par exemple, le patronyme Kazdaghli est toponymique et se décompose comme suit : Kaz (Les oies), Dagh (la montagne) et Oughlou (le fils de). Ainsi Kazdaghli signifie littéralement le fils de la montagne des oies. Et cette ville de Kazdagh se trouve sur la mer Égée, à l’ouest d’Istanbul.
C’est également le cas de patronymes comme Bazarbacha, Bach Terzi ou Bach Baouab. Plusieurs fonctions civiles et militaires ont ainsi formé des patronymes et là encore, les exemples sont nombreux et concernent aussi bien les Daouletli que les Torjeman et autres Lagha , Kahia ou Bacha. Citons aussi le nom Ben Osman qui découle directement du mot « osmanli » désignant les Ottomans.
D’autres patronymes d’origine ottomane se sont forgés à partir des villes et des régions de cet empire à cheval entre l’Asie et l’Europe. Cette réalité saute aux oreilles avec les Turki, Stambouli et autres Zmerli. Elle est tout aussi évidente avec des noms comme Bouchnak qui rime avec Bosniaque, Gorgi qui renvoie à une origine géorgienne, Kobrosli qui est formé à partir de Chypre, Mourali qui évoque la Morée. Là aussi les exemples sont assez nombreux.
Parfois, ce sont les prénoms qui sont turcs. Je citerai par exemple Emel, Orkhan, Turkia ou Aslan et mentionnerai aussi des prénoms dont l’usage est caduc mais que des femmes de la bourgeoisie tunisoise portaient jusqu’à une date relativement récente. Je me souviens en particulier de Gorbahar et Golfiden, deux dames de la famille Khairallah qui vivaient à la rue Boukhris.
Ce sont là quelques approches préliminaires en vue de déceler les traces turques et ottomanes dans notre quotidien y compris dans notre langue tunisienne.