La police des frontières de Civitavecchia a démantelé un vaste réseau de fraude aux prestations sociales impliquant plusieurs ressortissants tunisiens. Le préjudice pour l’État italien s’élève à environ 300 000 euros, rapportent des médias italiens.
L’enquête a révélé un stratagème bien rodé : les fraudeurs simulaient une présence permanente sur le territoire italien pour obtenir des titres de séjour pour eux-mêmes et leurs familles, incluant de nombreux enfants mineurs. Cette manœuvre leur permettait de bénéficier de diverses prestations sociales, notamment l’allocation unique par enfant, les allocations de maternité et les aides familiales.
Une fois ces avantages financiers obtenus, les épouses et les enfants retournaient en Tunisie tout en continuant à percevoir les prestations italiennes. Les investigations ont mis en lumière que la majorité des enfants concernés ne parlaient pas italien et n’avaient jamais fréquenté les établissements scolaires où ils étaient pourtant inscrits, bien que leurs familles aient perçu des aides pour l’achat de manuels scolaires, ajoutent les mêmes sources.
Les enquêteurs ont également découvert que certains bénéficiaires n’avaient séjourné que quelques jours en Italie, tout en percevant indûment des allocations d’insertion, des aides au logement et des prestations destinées aux mères actives.
Suite à cette enquête, neuf ressortissants étrangers font l’objet de poursuites pénales. Les autorités ont procédé à l’annulation de leur statut de résident en Italie ainsi que de leurs titres de séjour. Une procédure de recouvrement des sommes indûment versées a été initiée par l’INPS (équivalent italien de la Sécurité sociale).
Double défi pour l’Italie : fraudes sociales et exode des retraités
Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu entre l’Italie et la Tunisie concernant les questions financières. En effet, les autorités italiennes font face à une augmentation significative des départs de leurs retraités vers la Tunisie, attirés par des avantages fiscaux considérables. Selon les derniers chiffres de l’INPS, le pays a enregistré une hausse alarmante de 42,2% des départs de retraités en 2023 par rapport à 2022, avec 268 retraités ayant choisi la Tunisie comme terre d’accueil.
Cette double problématique – la fraude aux prestations sociales d’une part et l’exode fiscal des retraités d’autre part – place la Tunisie au cœur des préoccupations des autorités italiennes. Avec un coût de la vie trois fois moins élevé qu’en Italie et un régime fiscal attractif, le pays nord-africain est devenu la deuxième destination privilégiée des retraités italiens, juste après l’Espagne, représentant un défi croissant pour les finances publiques italiennes.