L’incendie qui a touché le Family Boat de la flottille internationale pour Gaza à Sidi Bou Saïd continue de faire débat. Alors que le ministère de l’Intérieur évoque « un départ de feu causé par une cigarette », des vidéos circulant en ligne montrent un objet en flammes descendant du ciel, ravivant les soupçons d’une attaque ciblée. L’épisode, inédit sur sol tunisien, réactive surtout la mémoire des interceptions musclées d’Israël contre les flottilles pro-palestiniennes en Méditerranée.
Le Conscience, un navire affrété par la Freedom Flotilla Coalition et battant pavillon de Palau, transportait des militants internationaux des droits de l’homme et de l’aide humanitaire destinée à Gaza. Le 2 mai, alors qu’il était ancré en dehors des eaux territoriales maltaises, le navire a été attaqué par deux drones qui ont visé ses générateurs, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Heureusement, aucune victime n’a été signalée
La plus marquante reste aussi l’affaire du Mavi Marmara en mai 2010. Cette flottille turque, chargée d’aide humanitaire pour Gaza, avait été abordée en haute mer par les commandos israéliens. L’opération, qui avait fait neuf morts parmi les militants turcs (un dixième succombera plus tard à ses blessures), avait provoqué une crise diplomatique majeure et une vague de condamnations internationales.
Depuis, plusieurs autres flottilles — en 2011, 2012 puis en 2018 — ont tenté de briser symboliquement le blocus de Gaza. Elles ont toutes été interceptées par la marine israélienne, les navires étant systématiquement déroutés vers le port d’Ashdod. Aucune de ces opérations n’a impliqué officiellement de frappes par drone.
Israël et la guerre navale à distance
Si a utilisé des drones surtout pour surveiller les flottilles, son armée est accusée pour ses opérations à distance. Ces dernières années, elle a été accusée d’avoir ciblé des navires liés à l’Iran en mer Rouge et en Méditerranée, par sabotages, mines sous-marines et frappes de drones. Des méthodes qui alimentent aujourd’hui les soupçons pesant sur l’incident tunisien.
Si la piste d’une attaque extérieure venait à être confirmée, rappelons que le ministère de l’Intérieur dément toujours cette version, il s’agirait du premier incident de ce type en Tunisie, portant la signature d’une action hostile contre une flottille internationale sur son territoire. Pour l’heure, les autorités tunisiennes s’en tiennent à l’explication accidentelle, tandis que les images partagées en ligne continuent de nourrir le doute et d’alimenter la polémique.
Entre mémoire des flottilles passées et interrogations sur l’incendie de Sidi Bou Saïd, la question demeure : s’agit-il d’un banal accident ou d’une nouvelle page dans la longue guerre de l’ombre autour de Gaza ?