Le « Grand jour » arrive à grands pas. Le 23 octobre 2011, environ dix mois après la révolution du 14 janvier, les Citoyens tunisiens se dirigeront pour la première fois aux urnes avec une conviction que leur volonté sera respectée. Lors des mascarades électorales précédentes, où les urnes se remplissaient seulement des listes souhaitées par le pouvoir en place, les électeurs n’y allaient sachant que les dés étaient pipés et que les résultats étaient connus d’avance. Aucune concurrence n’était permise malgré la présence parfois de plusieurs listes en course ou de plusieurs candidats en course.
Cette fois, les choses ont changé et il y aura, non seulement une profusion de listes et de candidats, mais aussi une réelle conviction que le scrutin se déroulera dans la transparence avec, au bout, des résultats crédibles et qui devraient une certaine vision de la réalité du paysage politique du pays. Il ne faut pas être un grand clerc pour deviner que l’enjeu majeur de cette échéance électorale consiste à choisir entre deux grands projets de société qui semblent se dégager des débats et des discussions de la Cité. Un projet véhiculé par les tendances à connotation religieuse, où l’Islam est le référent principal pour ne pas dire exclusif ; et une tendance qui souhaite la distinction entre la chose politique et la chose religieuse dont la confusion ne fait jamais, par ailleurs, bon ménage.
Sans vouloir nous immiscer dans le choix des Tunisiens quant à leurs souhaits, nous disons simplement ceci :
Nous avons vécu trop longtemps sous le joug d’une dictature forcenée qui nous a privées pendant des décennies de nos droits et libertés les plus élémentaires. On nous a bâillonnés, on nous a empêchés d’exprimer notre libre choix et nos pensées ; dans ce cas, il convient de ne pas refaire la même erreur et de nous donner en pâture à des courants, qui aujourd’hui nous promettent la lune, mais qui pourraient malheureusement enterrer tous nos rêves de liberté.
Nous avons vécu dans une société extrêmement violente ; une violence qui ne disait pas son nom. Car sous le couvert de la sécurité, on pouvait se faire tabasser à chaque coin de rue, ou pire encore se faire jeter en prison, rien que parce que nous ne partagions pas les idées de ceux qui étaient au pouvoir. Il nous faudrait, chers citoyens, éviter de livrer notre pays à ceux dont les idées mêmes, et les démarches aussi, sont fondées sur la violence morale ou physique, et qui constituent une véritable épée de Damoclès qui pend sur nos têtes.
Nous avons connu pendant de longues décennies une grande disparité économique et régionale qui a, en réalité, installé une véritable cassure au sein de notre société. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de conquérir de la dignité pour tous les citoyens sans exclusive. Ceux qui ont tendu la main aux déshérités aujourd’hui, pour les soudoyer ou obtenir leurs voix, grâce à un argent occulte dont on ne connaît pas les origines, mais qu’on devine, ont fait de la charité. On peut les «remercier» pour leur œuvre caritative, mais la dignité signifie certainement autre chose.
Édifier une nouvelle société libre et démocratique exige aujourd’hui de l’ensemble des citoyens un choix éclairé, celui de la raison !
À tous les citoyens qui iront dimanche prochain donner leurs voix, qu’ils le fassent en ayant à l’esprit toutes ces données et qu’ils aident à la reconstruction d’un pays où il fait bon vivre, dégagé de tous ses préjugés et tourné résolument vers un avenir radieux où la liberté de l’individu ne pourra plus être menacée.
Alors, aux Urnes Citoyens !