Depuis quelques jours, une affaire impliquant une touriste britannique et un opérateur de parasailing à Sousse a envahi les médias occidentaux. Mais au-delà des faits, c’est la disproportion du traitement médiatique qui soulève de sérieuses interrogations.
Selon les déclarations d’une ressortissante britannique, Michelle Wilson, une agression à caractère sexuel aurait eu lieu lors d’un vol en parachute ascensionnel en Tunisie. Si les autorités locales ont pris l’affaire au sérieux – l’homme impliqué aurait été rapidement arrêté et une enquête ouverte – la machine médiatique occidentale, elle, s’est emballée.
Il suffit de saisir le mot Tunisie dans l’actualité Google pour découvrir le nombre d’articles et de médias ayant relayé cette info. Du Daily Mail au Parisien en passant par Paris Match et même certains tabloïds comme The Sun, tous ont repris l’affaire à grand renfort de gros titres sensationnalistes, insistant parfois plus sur le choc que sur la véracité judiciaire des faits. Certains articles vont jusqu’à véhiculer des stéréotypes alarmistes, insinuant que la Tunisie serait une destination dangereuse pour les touristes occidentaux.
Ce traitement disproportionné contraste fortement avec la manière dont d’autres faits similaires sont couverts ailleurs dans le monde, y compris au Royaume-Uni. Il est permis de s’interroger : pourquoi ce fait divers est-il autant mis en exergue, alors même qu’il est isolé, en cours d’instruction, et que les autorités tunisiennes y ont réagi rapidement ?
Cette surmédiatisation nuit gravement à l’image de la Tunisie, particulièrement en pleine haute saison touristique. Elle contribue à entretenir un climat de méfiance infondé envers un pays qui mise sur la sécurité, l’hospitalité et le respect des visiteurs. L’acharnement médiatique devient alors un préjudice collectif, impactant les efforts fournis par l’État, les professionnels du tourisme, et les citoyens tunisiens pour redorer l’image du pays.
Il ne s’agit pas ici de minimiser les souffrances potentielles d’une victime présumée, mais de rappeler l’importance de la présomption d’innocence, du respect des procédures judiciaires, et de la responsabilité des médias à ne pas alimenter une forme d’islamophobie ou de stigmatisation régionale sous couvert d’information.
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