Sauf que cette fois-ci ils ne sont pas trois à avoir procédé à l’agression, l’agresseur n’est pas un policier, mais un gardien de prison qui s’est fait passer pour un agent de police, il n’était pas en service et l’acte qu’il a commis s’est limité à une tentative de détournement avorté par l’intervention d’un parent qui travaille dans la police.
Selon les péripéties rapportées ce matin par Radio Shems fm, un gardien de prison a remarqué la présence d’un couple à l’intérieur d’une forêt à Béja. Il s’est présenté comme étant un agent de police puis a obligé par la force le compagnon à quitter les lieux. Ce dernier a appelé un parent qui travaille dans la police. Son intervention rapide a permis d’arrêter le malfrat avant qu’il passe à l’acte. Il était en discussion avec sa victime qui cherchait certainement le dissuader. À son interpellation, il a prétendu qu’il était un agent de la police judiciaire.
Cette affaire n’est pas évoquer dans les esprits la mésaventure vécue il y a plus d’un mois par la fille violée par des policiers en raison du fait que l’agresseur travaille dans le secteur de la sécurité et qu’en vue de commettre son forfait il s’est prévalu de sa qualité d’agent de police pour s’en prévaloir une seconde fois au moment de son interpellation.
Il semble que la qualité d’agent de police, dans la tête de certains énergumènes, justifie le droit à l’agression et l’impunité. Certes, dans l’affaire de Beja, l’agresseur n’est pas un policier, mais exerce une fonction de sécurité. Il s’est fait passer pour un agent de police judiciaire pour faciliter la commission du délit et lorsqu’il a été arrêté, il a avancé la même prétention pour essayer de s’en sortir. Des fois, la qualité de « ZAMIL » est plus efficace que l’immunité parlementaire et ce n’est pas Brahim Kassa, agressé à Kelibia au nom de la préservation de la révolution, qui dira le contraire.
Cette affaire qui s’est produite à près de 45 jours d’intervalle du scandale qui continue a occupé l’opinion publique, nous pousse à nous interroger si ce genre de délit était la conséquence des circonstances particulières que connaît la Tunisie dans le domaine de la sécurité ou s’il s’agit d’une vielle pratique qui était étouffée par la menace, la pression et la peur comme se plaisent à le dire certains responsables et membres du parti au pouvoir.
Dans la première hypothèse, la situation serait grave, car la police, appelée à faire au relâchement sécuritaire qui sévit, ne doit pas en être contaminée. Dans la seconde, il est grand temps que l’on prenne des mesures radicales pour mettre un terme à ce phénomène. Mais qu’il s’agisse de la première ou seconde hypothèse, les mesures à prendre doivent être axées sur l’amélioration de la qualité de la sélection, la formation et l’encadrement des agents de police et des forces de sécurité en mettant l’accent sur le comportemental et le relationnel qui doivent, désormais, sous-tendre la prestation de la police républicaine.
Une police républicaine n’est pas seulement celle qui agit au-delà des obédiences et des couleurs politiques et qui n’intervient que pour faire respecter la loi et protéger l’ordre public au sens juridique du terme. Elle doit s’imposer par l’exemplarité des attitudes et l’inviolabilité des droits de l’homme et de la dignité humaine.