Vendredi dernier, Nessma proposait le film iranien « Persepolis », traduit pour l’occasion en dialecte tunisien. Ce qu’ignorait Nessma (ou pas), c’est que ce film allait provoquer un vĂ©ritable tollĂ©, notamment sur Facebook. Les messages d’indignation et d’insultes envers la chaine tĂ©lĂ© se sont multipliĂ©s Ă une vitesse folle. Un Ă©vĂ©nement pour organiser une manifestation et « fermer » ladite chaĂ®ne a Ă©tĂ© créé et a rassemblĂ© beaucoup de personnes.
La date de l’évĂ©nement Ă©tait prĂ©vue pour ce dimanche et a effectivement eu lieu. D’après Mosaique FM, une tentative d’attaque sur le local de Nessma TV a Ă©tĂ© avortĂ©e par les forces de l’ordre. Ces dernières ont dĂ» s’employer, Ă l’aide de bombes lacrymogènes, pour annihiler ces attaques. Les forces de l’ordre ont par ailleurs arrĂŞtĂ© une trentaine de personnes, a indiquĂ© Hichem Meddeb, porte-parole du ministère de l’IntĂ©rieur, sur les ondes de la radio.
Pour ceux qui n’ont jamais vu le film (d’animation), l’origine de cette colère contre Nessma provient de deux scènes oĂą Dieu apparaĂ®t sous la forme d’un vieil homme avec une longue barbe blanche (voir la photo), parlant Ă une petite fille (l’hĂ©roĂŻne du film). Le fait de reprĂ©senter Dieu, sous n’importe quelle forme, est un blasphème qui ne pouvait passer inaperçu, selon les diffĂ©rents messages postĂ©s sur Facebook et Twitter.
En plus de cette reprĂ©sentation de Dieu, d’autres Ă©voquent une campagne de Nessma contre les partis islamiques. Le dĂ©bat qui a suivi le film Ă©voquait l’Ă©ventuelle similitude entre ce qui se passe dans l’œuvre de Marjane Satrapi et la Tunisie, si jamais un parti islamique prenait le pouvoir. Persepolis Ă©voque l’histoire de l’Iran avant et après l’instauration de la RĂ©publique islamique.
Rappelons qu’il y a deux ans, avec la sĂ©rie « House of Saddam » dont l’acteur principal est israĂ©lien, Nessma avait Ă©tĂ© accusĂ©e d’ĂŞtre de mauvaise foi. Après le 14 janvier, la mĂŞme chaine TV est encore une fois pointĂ©e du doigt. Elle se positionne, implicitement, contre Ennahdha et les autres partis islamiques. Plusieurs de ses reportages et Ă©missions ne contredisent pas ces impressions.
Enfin, sur les rĂ©seaux, les adeptes des thĂ©ories du complot vont mĂŞme jusqu’Ă dire que Nessma essaye par tous les moyens de crĂ©er la pagaille dans le pays afin de repousser la date des Ă©lections de la Constituante.
Pendant ce temps-lĂ , la chaine ne fait qu’alimenter encore plus les accusations portĂ©es contre elle… Est-ce une stratĂ©gie pour augmenter son audimat ou simplement une libertĂ© d’expression Ă laquelle les Tunisiens ne sont pas encore habituĂ©s?
