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Nawal El Saadawi – La moitié mutilée

par Neïla DRISS
mardi 23 mars 2021 19:14
dans Culture
Nawal El Saadawi - La moitié mutilée
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La militante féministe égyptienne Nawal El Saadawi est décédée il y a deux jours, à l’âge de 89 ans. Ci-dessous un extrait de son livre La face cachée d’Ève – Les femmes dans le monde arabe, paru en 1977 (traduction en français 1982) dans lequel elle raconte comment sa sœur et elle, ont été excisées. C’est cette excision qui a déterminé toute sa vie et qui a été le point de départ de tout son combat.

« Une nuit – j’avais six ans -, j’étais dans mon lit, bien au chaud et en paix, dans un agréable demi-sommeil; dans ma tête voletaient de tendres rêves d’enfant avec leur cortège de gentilles fées. Soudain, je sentis quelque chose s’agiter sous mes draps, cela ressemblait à une énorme main, froide et rude, qui palpait mon corps, comme pour y chercher je ne sais quoi. Presque simultanément, une autre main, tout aussi froide et rude, s’abattit sur ma bouche, m’empêchant de crier.

On me porta jusqu’à la salle de bain. Je ne sais pas combien ils étaient et je ne me souviens pas de leurs visages ne si c’étaient des hommes ou des femmes. Le monde me semblait enveloppé dans un brouillard opaque qui me voilait la vue. Peut-être m’avait-on recouvert les yeux. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’avais peur, qu’ils étaient nombreux et qu’une poigne de fer saisit mes mains, mes bras et mes cuisses: je ne pouvais plus résister ni même bouger. Je me rappelle aussi du carrelage froid de la salle de bain sous mon corps nu. Le bourdonnement de voix inconnues était coupé de temps en temps par un bruit raclant et métallique semblable à celui que produit le boucher lorsqu’il agite son couteau avant de procéder au sacrifice d’un mouton pour l’Eid.

Mon sang se glaça dans mes veines. Je pensais que des bandits étaient entrés dans ma chambre et m’avaient kidnappée dans mon lit. Ils allaient maintenant me couper la gorge, parce que c’était toujours ce qui arrivait aux petites filles désobéissantes comme moi dans les histoires que ma grand-mère aimait à me raconter.

Je tendis l’oreille pour tenter d’identifier ce bruit raclant et métallique. Il s’arrêta, et mon cœur cessa de battre. Je ne voyais rien et j’avais l’impression que même ma respiration s’était arrêtée. Pourtant, j’imaginais que la chose métallique qui causait le bruit raclant se rapprochait de moi. Elle ne s’approchait pas de mon cou, comme je m’y attendais, mais d’une autre partie de mon corps. Elle cherchait dans la région de mon bas-ventre quelque chose de caché entre mes cuisses. C’est à ce moment que je réalisais que mes cuisses avaient été écartées au maximum et qu’elles étaient tenues par des doigts en fer qui ne relâchaient pas leur emprise. Je sentais le couteau ou la lame se diriger directement vers mon cou. Et tout d’un coup, l’objet de métal affuté plongea entre mes cuisses et coupa une partie de la chair de mon corps. Malgré la main plaquée sur ma bouche, je hurlais car ce n’était pas une simple douleur, mais une flamme dévorante qui transperçait mon corps tout entier. L’instant d’après, je vis que mes hanches baignaient dans une mare de sang.

Je ne savais pas ce qu’ils m’avaient coupé, et je ne voulais pas le savoir. Je pleurais et appelais ma mère à mon secours. A ma grande horreur, je la découvris à mes côtés. C’était bien elle, je ne me trompais pas, en chair et en os, au milieu de tous ces étrangers, leur parlant et leur souriant, comme s’ils n’avaient pas essayé d’assassiner sa fille quelques instants auparavant.

Ils me portèrent jusqu’à mon lit. Je les vis s’emparer de ma sœur, de deux ans plus jeune que moi, tout comme ils l’avaient fait avec moi. Je hurlais de toutes mes forces. Non! non! Je voyais le visage de ma sœur tenu entre des mains énormes et rudes. Elle était pâle comme la mort et son regard aux grands yeux noirs croisa le mien l’espace d’une seconde. Jamais je n’oublierai la terreur qui s’y reflétait. Puis on la porta vers la salle de bains que je venais de quitter… Le regard que nous échangeâmes semblait vouloir dire: « Maintenant, nous savons ce que c’est. Nous savons quelle est notre tragédie. C’est d’être nées d’une espèce spéciale, le sexe féminin. Notre destin est de toucher à la plus profonde des misères et de voir notre corps mutilé par des mains froides, insensibles et cruelles. »

Ma famille n’était pas de celles qui, en Égypte, n’ont reçu aucune instruction. Au contraire, mes parents avaient eu la chance, tous les deux, de jouir de ce que l’on pouvait considérer à l’époque comme une très bonne formation. Mon père avait fait des études universitaires et avait été promu cette année-là (1937) inspecteur général de l’éducation pour la province de Menoufia dans la région du delta au nord du Caire. Ma mère avait fréquenté des écoles françaises, poussée par son père qui était directeur général des services du recrutement de l’armée. Malgré tout, l’excision des filles était très répandue, et une fille ne pouvait échapper à l’amputation de son clitoris, que sa famille vive à la campagne ou en ville. Lorsque je retournai à l’école après l’intervention, je parlai à mes camarades et à mes amies de ce qui m’était arrivé, et je découvris que toutes, sans exception, étaient passées par le même supplice, quelle que soit leur origine sociale (classe supérieure, moyenne ou inférieure).

Dans les familles de paysans pauvres, toutes les filles sont excisées, comme je pus le constater dans la famille que j’ai à Kafr Tahla. Cette coutume est encore très répandue dans les villages et même dans les villes, où bien des familles estiment que c’est une nécessité. Toutefois, la généralisation de l’instruction et une plus grande compréhension de la part des parents font que, de plus en plus, ils renoncent à faire exciser leurs filles.

 

La face cachée d’Eve Nawal El Saadawi

Le souvenir de l’excision me poursuivit pendant longtemps comme un cauchemar. Un sentiment d’insécurité s’était emparé de moi, je redoutais l’inconnu qui me guettais à chaque pas que je ferais dans la vie. Je ne savais même pas si ma mère et mon père, ou m grand-mère, ou les personnes qui m’entouraient ne me réservaient pas d’autres surprises. Depuis le jour où j’avais ouvert les yeux, la société m’avait fait sentir que j’étais une fille et m’avait enseigné que le mot bint (fille) était presque toujours accompagné d’un froncement de sourcils.

J’atteignis l’âge adulte et je devins médecin en 1955, mais je ne pouvais effacer de ma mémoire l’incident douloureux qui avait mis fin abruptement à mon enfance et m’a encore longtemps empêchée, lorsque je fus mariée, de jouir pleinement de ma sexualité et de la vie, ce qui n’est possible qu’à ceux qui possèdent un équilibre psychologique satisfaisant. J’ai été longtemps hantée par ce genre de cauchemars, surtout lorsque j’exerçais ma profession dans les régions rurales. Il m’arrivait fréquemment de soigner des jeunes filles qui nécessitaient des soins à domicile, souffrant de saignements abondants après une excision. Plus d’une a payé de sa vie la façon inhumaine et primitive dont était effectuée l’opération, déjà barbare en soi. D’autres souffraient d’infections graves ou chroniques, parfois pour le restant de leurs jours. La plupart d’entre elles, sinon toutes, étaient exposées plus tard à des déformations sexuelles ou psychologiques résultant de cette expérience.

J’ai également eu affaire à des femmes venant de différents pays arabes, entre autres des Soudanaises. J’ai été horrifiée en constatant qu’une fille soudanaise est soumise à une opération beaucoup plus cruelle que celle pratiquée en Égypte. Ici, on effectue l’ablation, d’ordinaire non complète, du clitoris. Au Soudan, on enlève tous les organes génitaux externes, c’est-à-dire le clitoris, les deux lèvres extérieures (labia majora) et les deux lèvres intérieures (labia minora). Puis on recoud la plaie. L’ouverture extérieure du vagin est la seule partie que l’on laisse intacte, non sans s’être assuré que, lorsqu’on ferme la plaie, quelques points de suture supplémentaires rétrécissent l’orifice. En conséquence, lors de la nuit de noces, il faut agrandir cet orifice à une extrémité ou aux deux au moyen d’un scalpel ou d’un rasoir afin de permettre la pénétration de l’organe mâle. Si une soudanaise divorce, l’ouverture extérieure est rétrécie à nouveau de façon à ce quelle ne puisse pas avoir de relations sexuelles. Si elle se remarie, on réagrandit l’ouverture.

En écoutant les femmes m’expliquer ce qui se passe lors d’une excision au Soudan, je sentais la colère et la révolte monter en moi. Ces sentiments s’accrurent encore lorsqu’en me rendant au Soudan en 1969, je découvris que cette forme d’excision était toujours aussi répandue, que ce soit dans les régions rurales, dans les villages ou dans les villes.

Malgré mon instruction et mes études de médecine, je n’étais pas capable, à cette époque, de comprendre pourquoi les filles étaient soumises à cette tradition barbare. Je ne cessais de me demander: « pourquoi? » Je ne trouvais jamais de réponse à cette question qui m’obsédait de plus en plus, pas plus qu’aux interrogations qui torturaient mon esprit le jour où ma sœur et moi avions été excisées. » Nawal El Saadawi.

Tags: Droits des femmeslivre
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