Comme tous les Tunisiens qui se bousculent pour aller voir Hkéyet tounsia, le film qui a soulevé une polémique bien avant sa sortie, je suis allée pour le découvrir. J’ai été déçue, voir même choquée !!
Déçue par la prestation artistique quasi nulle et choquée par le message véhiculé par ce film !!
Comment une femme peut-elle faire un film contre les femmes ? C’est la question à laquelle j’essaie de trouver une réponse depuis hier soir !!
Oui, contre les femmes pour deux raisons. La première raison est qu’elle donne une image très péjorative des femmes de Tunisie. La deuxième est qu’elle dit explicitement que les Tunisiennes ont beaucoup TROP de droits et qu’elles en abusent !!
Au moment ou des milliers de femmes se battent pour les libertés, défendent la liberté d’expression, essaient de faire pression pour inscrire le code du statut personnel dans la constitution, au moment ou des milliers de femmes triment pour subvenir aux besoins de leur famille, revendiquent leurs droits sociaux, s’élèvent contre l’exploitation, le harcèlement sur les lieux de travail, au moment où les Tunisiennes s’indignent contre la misogynie de la société, que nous montre-t-on dans ce film ?
Une poignée de femmes oisives, débauchées, futiles qui évoluent dans un milieu d’opulence et de richesse ostentatoire, des femmes qui déballent leurs frustrations sexuelles, d’autres qui cherchent à tout prix le bon parti pour leurs filles, des jeunes à la dérive…
Ces femmes existent en Tunisie, je ne le nie pas, mais sont-elles vraiment représentatives de la femme tunisienne, et si oui, que représentent-elles vraiment en pourcentage ?
Sur un fond de trafic de drogue, de soirées arrosées, d’histoire de trahison, de rupture et d’infidélité, le fil conducteur de ce film est un message subliminal : les femmes ont acquis beaucoup trop de droits et c’est là la raison de tous les dérèglements de la société tunisienne !! C’est à se demander pourquoi on a finalement accordé un visa à ce film malgré sa non-conformité aux valeurs identitaires tant revendiquées ces derniers temps !!
De plus, ce stéréotype des classes sociales trop usé a été employé à mauvais escient : les pauvres sont pieux, les hommes vont à la mosquée, les femmes sont voilées. Les riches, quant à eux, sont de parfaits impies et ne « retournent » à Dieu qu’en cas de catastrophe !!
Au final, deux grandes questions se posent. Ce film, a-t-il été fait avant ou après la révolution ? Et à qui profite-t-il ? Parce que s’il a été fait avant, on peut lui trouver des excuses. Dans le cas contraire, il est inadmissible de voir les priorités et les aspirations de tout un peuple réduites à des futilités pareilles. Comme il est injuste de fustiger la femme au moment même où on a besoin de tous les efforts pour consolider ses acquis !!