Le Festival international de Carthage en a vu passer des artistes… Anouar Brahem fait partie de ces virtuoses qui font accourir le tout Tunis. Et pour cause, il inaugurait, hier, la 50ème édition du festival et présentait en l’occurrence sa nouvelle création musicale «Souvenance».Hier soir, l’amphithéâtre de Carthage a fait le plein pour l’occasion. L’événement était de taille avec Anouar Brahem. En un clin d’œil, les travées étaient pleines… L’heure est désormais à la musique, les lumières se défilent le temps de laisser les virtuoses prendre place.
Hier à Carthage, les connaisseurs ont adoré, les novices ont apprécié, la communion était totale. Le répertoire proposé hier soir a eu le don de balayer les tympans, de les nettoyer de toutes ces grossièretés qu’on entend à longueur de journée.
Soixante-quinze minutes de musique instrumentale où s’entremêlent habilement tempo jazzy et ton arabo-musulman, le tout bercé par un son venu des glaciers. L’ignorant aurait eu le réflexe de catégoriser «Souvenance» comme une énième musique de film.
C’était plutôt une vague lancinante et languissante qui éprouvait le désir de s’envoler, de rugir, mais qui était à chaque fois arrêtée par les sirènes. Une production musicale atemporelle, sulfureuse mais aussi et surtout intime, vénéneuse et envoûtante.
Le rythme lent n’était là que pour faire apprécier la puissance des assemblages entre les différents instruments. Dès, lors, on comprend mieux pourquoi Anouar Brahem ne quitte pas ses acolytes que sont François Couturier au piano, Björn Meyer à la basse et Klaus Gesing à la clarinette basse.
«Souvenance», c’était un spectacle au vrai sens du terme avec le souci du détail à outrance qui primait pour chaque son sortant des instruments. Le résultat est imposant et magistral, le public a été hypnotisé par la scène et s’est évaporé dans cette atmosphère suave…