Des films de Cannes 2024 brillent aux nominations des Oscars

L’Académie des Oscars a dévoilé ses nominations pour la 97e cérémonie, qui se tiendra le 2 mars 2025 à Los Angeles. Une fois encore, le Festival de Cannes affirme son rôle de tremplin incontournable pour les films les plus marquants de l’année. Huit films issus de la Sélection officielle, cumulent un total de 31 nominations réparties dans 17 catégories, confirmant l’empreinte indélébile de Cannes sur le cinéma mondial. Très souvent, les films qui effectuent leur première sur la Croisette deviennent les œuvres majeures de l’année, saluées par les critiques, les jurys et le public. Cette année ne fait pas exception.

Parmi ces films, Emilia Pérez de Jacques Audiard se distingue avec 13 nominations, un record pour un film non anglophone. Présenté à Cannes, où il a remporté le Prix du Jury et le Prix d’interprétation féminine, ce film aborde avec finesse les thèmes de l’identité et de la justice, mêlant thriller et drame. Il s’agit aussi d’une première historique pour les Oscars, avec la nomination d’une actrice transgenre dans la catégorie Meilleure actrice. L’histoire de Manitas, chef de cartel qui rêve de devenir la femme qu’il a toujours voulu être, illustre la capacité d’Audiard à traiter des récits empreints d’humanité et de complexité. Le film est notamment nommé dans les catégories de Meilleur film, Meilleure réalisation, et Meilleure actrice, soulignant son rayonnement international.

Anora de Sean Baker, Palme d’or du dernier Festival de Cannes, est également en lice avec 6 nominations. Ce conte moderne, où une strip-teaseuse de Brooklyn voit son mariage avec un héritier russe se heurter à des obstacles inattendus, reflète la finesse du cinéma de Baker, qui mêle satire sociale et sensibilité humaine. La richesse des performances des acteurs a été particulièrement saluée, avec des nominations pour la Meilleure actrice et le Meilleur acteur dans un rôle secondaire, ainsi qu’une reconnaissance pour son scénario original.

Un autre film ayant marqué la Croisette, The Substance de Coralie Fargeat, a lui aussi trouvé un écho aux Oscars, avec 5 nominations. Lauréat du Prix du scénario à Cannes, ce thriller d’anticipation interroge la quête de perfection à travers une invention révolutionnaire permettant de partager sa vie avec une version améliorée de soi-même. Ce film repose sur deux actrices de talent : Demi Moore, qui porte le rôle principal avec intensité et qui est justement nommée dans cette catégorie, et Margaret Qualley, dont la prestation, bien que saluée, n’a malheureusement pas été retenue pour une nomination dans la catégorie Meilleure actrice dans un rôle secondaire, ce qui a suscité des regrets parmi les critiques. Avec des nominations pour Meilleur film, Meilleure réalisation, Meilleurs maquillage et coiffure, et le prix déjà remporté pour le Meilleur scénario à Cannes, The Substance confirme la maîtrise narrative et visuelle de Coralie Fargeat.

Dans un registre totalement différent, Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof, récompensé du Prix spécial du Jury à Cannes, continue de faire parler de lui avec une nomination pour le Meilleur film international. Lors de sa première sur la Croisette, le film avait suscité une véritable ovation : pas moins de 25 minutes d’applaudissements, un moment chargé d’émotion, d’autant plus poignant que le réalisateur et ses actrices avaient dû fuir l’Iran pour être présents. Ce drame familial explore les dilemmes moraux d’un juge face aux injustices d’un régime oppressif, tout en dépeignant avec sensibilité les divisions au sein de sa propre famille. La richesse du scénario, couplée à la profondeur des performances, fait de ce film une œuvre essentielle, saluée par plusieurs jurys parallèles à Cannes, notamment le Prix FIPRESCI et le Prix du Jury œcuménique. Son impact dépasse largement l’écran, rappelant le rôle du cinéma comme acte de résistance.

Cannes a également mis en lumière des œuvres plus atypiques, comme Flow de Gints Zilbalodis, un film d’animation poétique où un chat doit s’adapter à un monde submergé par les eaux. Avec ses 2 nominations (dont Meilleur film international), ce bijou singulier réinvente le genre de la fable animée. De son côté, The Apprentice d’Ali Abbasi, qui plonge dans les arcanes du pouvoir américain en suivant l’ascension de Donald Trump, a valu à ses interprètes des nominations pour Meilleur acteur et Meilleur acteur dans un rôle secondaire. Abbasi, fidèle à son style, signe une œuvre ambitieuse, mêlant satire et tension dramatique.

Enfin, des œuvres plus modestes mais tout aussi marquantes trouvent leur place dans cette sélection. L’Homme qui ne se taisait pas, court métrage de Nebojša Slijepcevic, relate l’acte de courage d’un homme s’opposant à des paramilitaires lors de la guerre en Bosnie. Ce film, qui a remporté la Palme d’or du court métrage à Cannes, est nommé pour le Meilleur court métrage, rappelant la puissance du cinéma à témoigner des tragédies humaines. Quant à La Jeune Femme à l’aiguille de Magnus Von Horn, son récit sur une ouvrière enceinte dans le Danemark de 1918 a obtenu une nomination pour le Meilleur film international, une reconnaissance méritée pour une œuvre d’une grande intensité émotionnelle.

Le Festival de Cannes, fier de ses lauréats, adresse ses félicitations chaleureuses à ces films et cinéastes qui continuent de porter haut les couleurs du cinéma mondial. La 97e cérémonie des Oscars promet d’être un événement mémorable, où la Croisette rencontrera à nouveau Hollywood pour célébrer la magie du 7e art.

Liste des nominations