Le film Breathe (Respire), réalisé par Andy Serkis en 2017 a été pour moi, le deuxième plus beau film du Festival d’El Gouna après le film franco-libanais L’insulte de Zyad Doueiri.
Il s’agit d’un long-métrage britannique produit par Jonathan Cavendish en hommage à ses deux parents Robin (Andrew Garfield) et Diana (Claire Foy) Cavendish.
J’ai été éblouie par le film et surtout étonnée. Étonnée par les réactions de certains envers des situations qui de nos jours sont tout à fait banales et qui ne l’étaient pas il y a quelques dizaines d’années. Et c’est également un des points forts de ce film qui montre quelque part que l’humanité évolue. Il y a quelques dizaines d’années, la vue de personnes à mobilité réduite se promenant dans un fauteuil roulant pouvait choquer. Ce n’est plus le cas de nos jours…
Breathe – Robin et Diana Cavendish
Ce film raconte l’histoire vraie d’un jeune couple beau, en bonne santé, amoureux, heureux… Ils se rencontrèrent, s’aimèrent, se marièrent, furent heureux, attendirent leur premier enfant… Et tout d’un coup, malheur, le mari est atteint de la poliomyélite, une maladie incurable qui le laisse complètement paralysé et ne pouvant respirer que grâce à un appareil auquel il devra rester attaché toute sa vie.
Ce jeune homme de 28 ans, qui était plein de vitalité, se retrouve du jour au lendemain emprisonné dans un lit d’hôpital, ne désirant qu’une seule et unique chose: mourir.
Mourir. Quitter ce corps qui ne lui obéit plus. Quitter ce corps inutile. Quitter cette vie qui n’est plus….. Mais c’était compter sans l’amour et la détermination de sa femme. Celle-ci va se battre pour lui faire quitter l’hôpital et l’emmener à la maison, malgré tous les obstacles qui se dressent sur son chemin.
Breathe – Robin, sur son lit d’hôpital
Alors que les médecins lui donnaient à peine quelques mois à vivre, ce jeune homme va vivre pendant des années, vivre pleinement, et profiter de sa famille, de ses amis, voyager, participer à des conférences, et même changer la vie de centaines de milliers de personnes.
En effet, lorsque Robin s’est retrouvé handicapé, le sort qui était réservé aux malades comme lui était d’être enfermés dans un hôpital et s’y éteindre petit à petit.
Or sa femme en décidera autrement. Elle le fait sortir et l’emmène à la maison. Là, déjà pour lui, la vie est plus clémente. Il a une vie familiale et sociale. Il est avec sa femme et son fils et ses amis lui rendent visite. Ce qui va influer positivement sur son état de santé.
Breathe – Robin, à la maison, entouré de sa famille et de ses amis
Son épouse se dévoue corps et âme pour lui, et au fur et à mesure essaye de trouver des solutions pratiques pour lui assurer de meilleures conditions de vie. Elle est aidée en cela par son frère inventeur, bricoleur et professeur à l’Université d’Oxford. C’est ainsi par exemple qu’un système est mis en place pour permettre à Robin de lire son journal, une sorte de système d’alarme lui permet d’attirer l’attention si son appareil respiratoire se débranche ou même juste pour appeler une personne, un autre système est mis en place également pour lui permettre de sortir son lit dans le jardin tout en restant branché à son appareil respiratoire…. jusqu’au jour où Robin a une idée lumineuse. Et c’est ainsi qu’en 1962, avec son ami Teddy Hall, ils ont développé un fauteuil roulant avec un respirateur intégré qui a enfin libéré Robin de son confinement à son lit.
Sa vie est transformée. Dorénavant il va pouvoir sortir, se déplacer, voyager….
Comment est ce que cette invention a-t-elle été reçue par les uns et les autres?
A sa première sortie dans les rues londoniennes, les gens étaient étonnés, mais certains étaient choqués: pourquoi nous infliger la vue de ces handicapés, leur place est à l’hôpital et non parmi nous!
Breathe – Grace à cette nouvelle invention, les malades de la polio peuvent enfin se déplacer
Les médecins aussi ont commencé par refuser cette invention. Ils n’y ont pas crue. Non, cela ne pouvait pas marcher, non les malades ne doivent pas quitter les hôpitaux!
Mais le couple est têtu. L’invention est présentée à des médecins en Allemagne, même refus…
Mais le couple persévère et va contribuer à améliorer les conditions de vie des handicapés.
Avec l’aide de militants, ils vont faire fabriquer des chaises roulantes adaptées aux malades de la poliomyélite, ils vont persuader le ministère britannique de la Santé de financer une série de chaises fabriquées par Teddy Hall…
Robin Cavendish décédera le 8 Août 1994 à l’âge de 64 ans devenant un phénomène médical comme l’un des survivants les plus vieux de la polio en Grande-Bretagne. Les médecins lui avaient donné quelques semaines, voire quelques mois, il aura survécu 36 ans à la maladie.
Robin Cavendish et son fils Jonathan
Comme dit plus haut, Breathe est un très beau film. A plus d’un titre.
Cinématographiquement, les images sont belles, les couleurs chatoyantes sont porteuses d’espoir, les acteurs sont bons, particulièrement Andrew Garfield qui, immobilisé pendant presque tout le film, a du mettre tout son jeu dans les expressions de son visage.
Le message du film est beau aussi: avec de l’amour, on peut déplacer des montagnes. Et c’est bien ce qu’a fait ce jeune couple. Amour et persévérance. Et confiance l’un en l’autre.
Breathe! Respire! Finalement, l’amour permet aussi de respirer!
« Je ne veux pas juste survivre, je veux réellement vivre » a dit Robin, et grâce à l’amour de Diana, il a vécu!
Neïla Driss
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