Que peut bien nous raconter un fil qui se déroule ? Les possibilités sont infinies et il suffit de regarder en face, cette évidence textile pour se souvenir que texte, métatexte ou paratexte sont des cousins phonétiques. De là à inventer un métafil ou un suprafil, il n’y a qu’un pas ou un nœud à faire auquel je succomberai volontiers.
C’est un peu par effraction que je vais tenter de planter mon dispositif textuel dans les textures plurielles d’une exposition textile. Alors qu’un fil se déroule, mon texte se dénoue et évolue au fil des méandres aléatoires.
Ce texte ne tient qu’à un fil et vagabonde d’un tissu à un autre, d’une mercerie à une échoppe de tailleur, du cliquetis d’une machine à coudre Singer à la chorégraphie d’un artisan-danseur devant son métier à tisser millénaire, d’une chechia rouge vif à un tapis constellé d’arabesques.
Serais-je ce fil de la plume qui trace des mots sur une étoffe en fusion ? Jouer avec les fils insécables ou interrompus et retrouver ainsi des éclats de soi et une petite histoire du tissu tissé d’urbain.
Une longue transversale pour saisir le bonheur du texte/textile. Je suis dans l’attente d’une exposition qui, dans deux jours, deviendra mon fil conducteur. D’un espace artistique éphémère, j’irai déposer mes nouaisons dans la ville. Comme des talismans bédouins ou des confiseries fondantes.
Est-ce si absurde que cela de vouloir raconter l’histoire d’un fil ou la fugue d’une pelote de laine ? Le texte veut naître et il me tente autant que le ferait le chant d’une sirène.
Je dois tisser cette fable dès demain. Pour me raccrocher à ce fil tendu par le hasard, le suivre comme un Thésée un peu hagard et voir où il me mènera.