Les fleuristes sont de retour et les allées du cimetière fraîchement balisées et repassées à la chaux.
Comme chaque premier jour de novembre, les visiteurs de toutes confessions seront nombreux au dernier cimetière chrétien de la capitale.
Ces dernières annĂ©es, le Borgel tend d’ailleurs Ă devenir l’unique cimetière chrĂ©tien dans le pays. Hormis celui de Hammamet, rares sont les lieux de sĂ©pulture chrĂ©tiens qui existent encore.
Au fil des ans, de nombreuses dépouilles ont été rapatriées vers ce cimetière tunisois alors que fermaient les cimetières des autres villes et ceux plus petits qui se trouvent souvent à la campagne.
Le jour de la Toussaint, il est de tradition que le Borgel accueille une messe et ce sera le cas cette année aussi.
Pour l’anecdote, le nom « Borgel » est celui de tout le quartier et dĂ©signe un patronyme. L’expression Ă©voque en arabe un pied que l’on pressent grand, boiteux ou manquant.
Les uns vous diront qu’il s’agit du patronyme d’un rabbin et d’autres affirmeront qu’il s’agit du nom du propriĂ©taire initial des terrains alentour.
TrĂŞve de digressions! Pour un jour, ce cimetière revit littĂ©ralement. Des familles entières se pressent autour des caveaux alors que des passants d’un jour flânent entre les allĂ©es et les carrĂ©s.
Les tombes sont fleuries par des mains parfois anonymes et les visages recueillis sont en général la norme.
La Toussaint Ă Tunis, c’est aussi une fĂŞte qui se vit Ă l’Ă©tranger, entre Malte, la France et la Sicile oĂą chacun a un proche qui repose ici, Ă l’ombre des caveaux baroques ou des tombes sobres.
Ci-gisent quelques unes des racines de la Tunisie plurielle et des générations de Chrétiens de Tunisie.
Que leurs âmes, leur souvenir et leurs sépultures soient honorées pour les siècles des siècles.

